Shanghai prend soin d'une partie de sa vieille ville
Le dernier en date concerne la reconstruction d'une partie de l'ancienne ville chinoise - quartier à l'écart des concessions internationale et française - à 2 rues des rives du Huangpu et de la célèbre promenade du Bund.
Les débuts du projet ont été chaotiques. L'architecte français avait travaillé avec l'École d'architecture de l'Université de Tongji en 2006 sur une vaste étude de conservation des maisons anciennes de la vieille ville chinoise, qui n'a pas empêché les bulldozers de raser quasiment tout.
"Grâce à une poignée de personnes de l'Université de Tongji et de la municipalité, les choses bougent aujourd'hui à Shanghai", assure Antoine Grumbach.
Chang Qing est un de ces universitaires sensibles à la préservation du patrimoine dans la mégapole aux 20 millions d'habitants. "Vous pouvez changer l'utilisation de l'architecture mais l'architecture elle-même doit être préservée et cette préservation devrait toujours venir en premier", estime ce professeur de l'École d'architecture de Tongji.
Le discours fait son chemin et Shanghai Cityland, promoteur détenu par la ville en charge du projet de reconstruction, travaille déjà avec l'architecte français Jean-Marie Charpentier sur la rénovation d'un autre îlot, dans le district de Luwan, en plein coeur de la concession française.
"Il s'agit du quartier où est la maison de (l'ancien Premier ministre) Zhou Enlai, qui est protégée. Nous y rénovons des maisons particulières et des lotissements", précise Zhou Wenyi, responsable de l'agence Arte-Charpentier en Chine. Il y a encore 10 ans, l'idée de rénover des petites maisons de 2 étages, au lieu de bâtir une tour de 30 étages, paraissait aberrante. Le quartier de Xintiandi a été la première innovation en la matière. Sur 2 pâtés de maison, ruelles et "shikumen", maisons de ville à porte de pierre typiques du Shanghai du début du 20e siècle, ont été entièrement rénovées et transformées en cafés, boutiques et restaurants.
"Je crois qu'ils ont été choqués en voyant mon projet qui ne prévoyait aucune destruction de maisons", raconte Benjamin Wood, architecte du projet, en se remémorant sa première présentation au groupe immobilier hongkongais Shui On, qui détient également les tours de bureaux alentour, aux loyers parmi les plus chers de Shanghai.
La municipalité de Shanghai voit les choses d'un autre oeil. "À Shanghai, les gens sont plus sensibles aux maisons anciennes et ils sont de plus en plus nombreux à vouloir y vivre, dès lors qu'elles sont équipées avec tout le confort moderne", estime Liu Shen, responsable du projet de rénovation de la vieille ville à Shanghai Cityland.
Le promoteur n'a pas souhaité révélé les montants exacts de son investissement, se contentant d'évoquer plusieurs centaines de millions d'euros. Mais il reste confiant dans la rentabilité du projet, qui prévoit des logements haut de gamme. Situés à 2 minutes à pied du Bund, les appartements pourraient se vendre jusqu'à 10.000 euros le mètre carré.