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Roissy, sur la piste des géants

Publié le 22 septembre 2003

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Doubler en moins d’un mois la largeur des accotements de la piste n°1 de l’aéroport de Roissy, c’est le défi relevé en août par une équipe de 550 hommes avec en prime un invité surprise : la canicule.

Roissy, sur la piste des géants - Batiweb
Ils auraient sûrement trouvé plus facile la construction d’une autoroute à Abou Dabi. Les ingénieurs qui devaient restaurer la piste n°1 de Roissy en vue de l’arrivée en 2004 du futur A 380 avait tout prévu sauf des températures extrêmes, propres à faire fondre les 550 baroudeurs du chantier. Le 28 juillet dernier, au cœur de l’été, les hommes du groupement chargés de reconstruire la principale piste de Roissy se sont attelés à un chantier qui restera exceptionnel dans les annales des constructeurs de route. Ils disposaient en effet d’un tout petit mois pour remplacer et agrandir cette mer de bitume qui forme la piste principale de l’aéroport. Pour réussir le challenge, et mettre en œuvre les 85 000 tonnes d’enrobés, les 4 entreprises retenues, Trabet (67), Siorat(19), SRTP (35) et Valérian (84) avaient mobilisé tous leurs moyens techniques et humains. Un parc digne d’une grande radiale : 9 finisseurs, 4 alimentateurs, 15 compacteurs (à billes et à pneus), 3 centrales mobiles d’enrobage et un parc de 55 semi-remorques. Derrière ce parc, 550 professionnels aguerris et, leur allié le plus important, un camion frigorifique rempli des 2 m3 d’eau fraîche qu’ils devaient boire tous les jours.
La piste n°1 mesure 4 700 mètres de long et 45 mètres de large, auxquels il faut ajouter un accotement de 7,5 mètres. Une largeur insuffisante pour les 80 mètres d’envergure du futur A 380 et particulièrement pour les 51 mètres qui séparent les deux réacteurs extérieurs de l’avion. À lui seul, le simple élargissement à 15 mètres des accotements a réclamé un terrassement de 100 000 m3 de GNT (différentes graves traitées et non traitées aux liants hydrauliques). La piste principale devait pour sa part réclamer l’extraction et le recyclage in situ de plus de 15 000 tonnes d’enrobé dégradé. Mais au-delà des chiffres impressionnants, c’est surtout la qualité de l’orchestration qui appelle l’admiration.
Pendant un mois, sous une température qui, la plupart du temps, refusait de descendre en dessous de 65°c sur le bitume, les équipes se sont déployées dans un ballet réglé sans temps mort d’heure en heure. Le peu de fraîcheur nocturne était mis à profit par les états-majors des quatre entreprises pour préparer à la minute près le ballet du lendemain. Des conditions extrêmes pour une organisation quasi horlogère. Au final, sous les regards sévères des 15 laborantins chargés du contrôle qualité, ce sont plus de 85 000 tonnes de bitume qui ont été coulés sous un soleil sans indulgence. Ce qui fait dire, aux ouvriers des quatre entreprises de TP, que L’A380, lorsqu’il se posera, roulera sûrement sur les traces indélébiles de leurs centaines de litres de sueur.

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