Roissy, sur la piste des géants
La piste n°1 mesure 4 700 mètres de long et 45 mètres de large, auxquels il faut ajouter un accotement de 7,5 mètres. Une largeur insuffisante pour les 80 mètres d’envergure du futur A 380 et particulièrement pour les 51 mètres qui séparent les deux réacteurs extérieurs de l’avion. À lui seul, le simple élargissement à 15 mètres des accotements a réclamé un terrassement de 100 000 m3 de GNT (différentes graves traitées et non traitées aux liants hydrauliques). La piste principale devait pour sa part réclamer l’extraction et le recyclage in situ de plus de 15 000 tonnes d’enrobé dégradé. Mais au-delà des chiffres impressionnants, c’est surtout la qualité de l’orchestration qui appelle l’admiration.
Pendant un mois, sous une température qui, la plupart du temps, refusait de descendre en dessous de 65°c sur le bitume, les équipes se sont déployées dans un ballet réglé sans temps mort d’heure en heure. Le peu de fraîcheur nocturne était mis à profit par les états-majors des quatre entreprises pour préparer à la minute près le ballet du lendemain. Des conditions extrêmes pour une organisation quasi horlogère. Au final, sous les regards sévères des 15 laborantins chargés du contrôle qualité, ce sont plus de 85 000 tonnes de bitume qui ont été coulés sous un soleil sans indulgence. Ce qui fait dire, aux ouvriers des quatre entreprises de TP, que L’A380, lorsqu’il se posera, roulera sûrement sur les traces indélébiles de leurs centaines de litres de sueur.