Quinze ans de travaux pour couvrir les juges de paris. C’est le temps en effet nécessaire à la réfection de la toiture sophistiquée du palais de justice de la capitale. Un chantier marathon réservé à des compagnons orfèvres.
Les entreprises qui restaurent la toiture du palais de justice de l’île de la Cité à Paris viennent d’en prendre pour quinze ans. Pour Les Charpentiers de Paris, Sachet-Brulet, La Metallerie Sarthoise, Forclum et Martial Lacour, l’entrée dans ce chantier prend un peu l’allure d’une entrée en religion. Refaire à l’identique une couverture dont la sophistication n’a d’égale que la complexité, exige une longue et parfaite adhésion aux techniques des bâtisseurs d’origine. Nettoyée pour la dernière fois au XIXème siècle, l’immense toiture du monument forme en effet un ensemble alambiqué de dizaines de tourelles, de pentes et de cheminées. Un terrain complexe et difficile où le zinc, l’ardoise, la pierre et le plomb se combinent en une répétition d’assemblages complexes. Cet ensemble, rongé par les intempéries et la pollution, repose sur une charpente de poutrelles métalliques fatiguées. Obstacle supplémentaire, la couverture du monument recèle également un imposant statuaire qui lui aussi doit être restauré à l’identique. Une tâche délicate confiée en autre aux compagnons de l’UTB (Union Technique du Bâtiment) et de Sofianos dont la mission consiste à reproduire avec exactitude la couverture et les dizaines d’ornements de plomb qui habillent le monument. Enfin, cerise sur ce gâteau de métaux et de pierres, les vastes cheminées arasées au XIXème siècle pour cause d’inutilité seront rétablies dans leurs formes et leurs hauteurs initiales. La première étape de cette course de longue haleine sur le toit du cœur de la capitale traduit bien l’ampleur de la tâche. Au quart du chantier, après 70 000 heures de travail, les ouvriers ont déjà changé 150 000 tuiles d’ardoises 40 Km de volige et 2 Km de chéneau de plomb. Les premiers 10 000 m2 de couverture ainsi traités ont exigé la mise en œuvre de 32 tonnes de zinc quartz et 108 tonnes de plomb. Des chiffres dont l’importance laisse entrevoir les volumes de matières qui, dans une quinzaine d’années, auront rejoint cette singulière toiture. Le chantier de restauration du palais de justice de paris rivalise aujourd’hui dans la durée avec celui du château de Vincennes. Ce dernier devrait pour sa part durer une vingtaine d’années. En attendant, les quinze années de travaux nécessaire à l’auguste toiture justifient la pose d’un toit provisoire qui, le temps d’une petite génération, fera du palais de justice de paris le tribunal le plus couvert de France.