Cela fait plus de trente ans que tout le monde cherche une solution au recyclage des 170 000 tonnes de pneus usagers par an. Une matière aux multiples composants qui, malgré ses propriétés, s’avérait jusque-là quasi impossible à recycler à grande échelle. Bien que dérivés du pétrole, les 170 000 tonnes de vieux pneus finissaient jusque-là pour moitié dans les décharges, le reste étant généralement brûlé.

Pour des raisons de coût, mais le plus souvent d’incompatibilité technique, le recyclage (rentable) des pneus restait encore une utopie. C’était sans compter sur la pugnacité des chercheurs de Rincent BTP. Le services matériaux de l’entreprise a en effet conçu le TRAC (Type Recycled Agglomérated Cement). Derrière ce nom aux consonances anglo-saxonnes se cache en fait la naissance d’un revêtement original aux caractères très innovants, voire révolutionnaires. Sa propension à supprimer les indésirables pneus est loin d'être la seule de ses qualités.

Le TRAC trouve en effet, dans ses propriétés d’absorption du bruit, de résistance aux variations de température (en particulier au gel), dans sa tenue au feu et dans sa résistance aux ultraviolets, une place privilégiée dans notre environnement. S’y ajoute également une capacité importante à absorber les vibrations. La liste des sites où il sera particulièrement adapté apparaît donc comme sans limite. Des sols sportifs aux sites industriels en passant par les sites très exposés aux fluctuations de température jusqu’au bâtiments bruyants.

Le grand obstacle que les chercheurs de Rincent ont su franchir concerne l’assemblage d’un matériau organique souple et déformable avec le ciment, un matériau minéral particulièrement rigide. Pour devenir un revêtement intégral, les granulats de caoutchouc sont donc enrobés de ciment. Celui-ci, constitue à la fois un liant et joue un rôle protecteur. Le phénomène de sa mise en œuvre est à l’opposé du principe de dilution, comme c’est le cas lorsque le caoutchouc est parfois incorporé à du béton.

Par ailleurs la fabrication du TRAC n’exige pas de mise en œuvre spécifique. Il peut être élaboré dans les centrales à béton traditionnelles (BPE) et être transporté dans les toupies standard.

Au stade expérimental, le TRAC à jusque-là été utilisé avec succès dans la fabrication d’écrans anti-bruits et de dalles absorbantes. Ses multiples propriétés pourraient aussi le conduire à être adopté sur les portions de routes où le bruit et les vibrations présentent une gêne particulière. Mieux encore, il trouve une place de choix parmi les matériaux parasismiques.

Ironie de l’Histoire, le Trac, enfant brillant de la marche vers le développement durable, va retirer au cimentier le pneu, un additif de combustion dont leurs fours étaient friands. Une séparation qui sera néanmoins provisoire si leur ciment, sur les chantiers, devient avec lui un béton de référence.