Pour les JO, Pékin n'a pas fait qu'un ravalement de façade
"L'évolution la plus importante, ce sont les transports en commun. En 2000, il y avait seulement deux lignes de métro, maintenant nous en avons cinq", souligne M. Zou. Il met aussi en avant, parmi les transformations, l'amélioration des espaces publics à l'intérieur du deuxième périphérique, considéré comme le centre de la ville, avec des espaces verts, ainsi que la construction de logements dans l'est et le nord de la capitale.
Pour les bâtiments symboles de la nouvelle ville, des noms prestigieux de l'architecture mondiale ont été mis à contribution: les Suisses Herzog et de Meuron pour le stade olympique, surnommé le "Nid d'oiseau", le Français Paul Andreu pour le nouvel Opéra, près de la place Tiananmen, ou le Néerlandais Rem Koolhaas pour le siège avant-gardiste de CCTV, la télévision publique fleuron de la propagande du régime, qui doit être achevée en 2009. Sans oublier l'architecte britannique Norman Foster pour le nouveau terminal de l'aéroport.
"Pour les JO, événement mondial, une architecture de niveau mondial a été fournie", affirme Rory McGowan, directeur d'Arup Pékin, le bureau d'ingéniérie qui a participé notamment au chantier du "Nid d'oiseau". "Ces dernières années, aucune ville dans le monde n'a réalisé autant de travaux de classe mondiale", renchérit Ole Scheeren, le co-architecte allemand de l'agence OMA Rem Kolhaas.
Pour Zou Huan, les grands noms ne doivent pas cacher les talents locaux. "Ces bâtiments symboles ont éclipsé ceux des architectes chinois", dit-il, soulignant que le bureau d'études de l'Ecole d'architecture de Tsinghua a réalisé trois bâtiments olympiques, dont le gymnase pour le judo et le taekwondo. Cette restructuration urbaine s'est cependant réalisée au détriment du Pékin traditionnel, celui des "hutong" (ruelles) et des "siheyuan" (cours carrées).
Une façade moins reluisante
"Il y a eu des effets à la fois positifs et négatifs des jeux Olympiques sur la protection du vieux Pékin", estime Hu Xinyu, responsable d'une ONG, le Centre de protection du patrimoine culturel de Pékin. "D'un côté, cela a attiré l'attention des médias chinois et étrangers, et même du gouvernement local, sur la protection de la vieille ville. De l'autre, les efforts de protection sont dépassés par le développement économique rapide induit par les JO", dit M. Hu.
Si les lois de protection du patrimoine existent, leur application est souvent insuffisante face à la folie immobilière, nourrie par l'alliance entre des promoteurs et des responsables locaux.
Pour Zou Huan, la transformation urbaine continuera après les JO mais à un autre rythme. Outre la poursuite de constructions de logements à loyers modérés, rendus nécessaires par le niveau des prix de l'immobilier, Pékin poursuivra l'extension des transports en commun et se penchera sur l'aménagement d'une friche industrielle dans l'ouest de la ville, juge-t-il. "Après les JO, il y aura un moment d'analyse, des réflexions sur ce genre d'aménagements", lance-t-il.