Nantes sauve la demeure de ses ducs
Au XVIe siècle, avec le rattachement de la Bretagne à la France (1532), il devient une demeure des rois de France. Au début du XVIIe siècle, il est transformé et sert de caserne. La Ville de Nantes, en devient propriétaire en 1915 et le transforme en un musée municipal. Depuis 1924, l'art populaire régional y est fortement représenté part des collections de costumes, de mobiliers et de céramiques... Il dispose aujourd’hui d’un fond d’une grande richesse qui illustre le passé fluvial et maritime de la ville de Nantes et l'histoire de ses activités industrielles et commerciales.
Le musée et le monument qui l'abritent réclament aujourd'hui d'un vaste programme de rénovation. Un espace muséal permanent va être créé dans les prestigieux bâtiments de la fin du XVe siècle. Il offrira au public une vaste rétrospective des activités nantaises au fil des siècles avec une large ouverture au monde contemporain.
Le château est en fait composé de cinq bâtiments. Deux d’entre eux ont déjà fait l’objet d’une restauration poussée : le Hanarchement, ancien entrepôt militaire transformé en lieu d’exposition et le Petit Gouvernement qui abrite les bureaux de la conservation. Restent donc les six tours et les deux bâtiments les plus imposants : le Grand Logis et le Grand Gouvernement, fermés depuis 1942 et 1994. C’est à eux auxquels la ville s’attaque aujourd’hui. Un travail qui va demander une bonne dizaine d’années car il s’agit d’abord de respecter les lieux et les réhabiliter selon les critères actuels. Les architectes sont confrontés à un double défit. Celui de la rénovation d’une part, et le besoin évident d’apporter à l’ouvrage l’innovation nécessaire à son utilisation. Le but de l’opération demeure de maintenir en son sein le musée.
Loin d’un lieu inerte et figé la réalisation d’un musée génère en effet une foule de contraintes en termes de sécurité et de circulation. Mais les restaurateurs n’en sont pas encore à cette étape. Certains secteurs sont en effet tellement altérés qu’il faut pratiquement les reconstruire à l’identique. Les autres sont consolidées à l’aide de poutres d’acier de 8 m de portée. Ce chantier est une vraie gageure. Une aventure de longue haleine qui en fait doit éviter que faute de restauration lourde, le château ne s’effondre sur lui-même ou, pire encore, qu’il soit détruit préventivement.
Tandis que les rennais ont restauré avec succès le magnifique parlement de Bretagne, détruit par les flammes, les nantais pour leur part entendent bien faire mieux. Il veulent sauver le château des Ducs afin qu’il garde sa place et sa prestance dans leur ville comme dans l’histoire bretonne. Il y va de l’honneur de la cité. Un domaine avec lequel, en Bretagne, on ne plaisante pas…