Le projet est d’importance. Il est même gigantesque, puisqu’il s’agit rien moins que d’alimenter en eau toute la région de Barcelone à partir du bassin du Rhône, via les Pyrénées
La récente sécheresse qui a fondu sur l’Europe, durant l’été 2003, a bien mis en évidence les carences des réseaux d’alimentation en eau. Certes, en France, nous ne sommes pas démunis, loin s’en faut, et notre situation n’a jamais atteint un point critique. Mais tel ne fut pas le cas de Barcelone et de sa région où la densité de population est élevée. C’est ainsi que BRL, la compagnie d’aménagement nîmoise, a enregistré cet été une hausse de 30 % de ses livraisons d’eau en Languedoc-Rousslllon. BRL avait depuis longtemps dans ses cartons, l’idée de réaliser un aqueduc entre la France et l’Espagne, selon la technique employée jadis par les Romains pour le fameux Pont du Gard. Le principe en serait le même, mais, bien évidemment à une tout autre échelle, en raison même de la nature des terrains à traverser et notamment la chaîne montagneuse des Pyrénées. Au vu de ce qui s’est passé cet été, BRL a ressorti de ses cartons son fameux projet d’aqueduc. L’ouvrage, destiné à approvisionner les 5 millions d’habitants de Barcelone, grâce à l’eau du Rhône, prolongerait ainsi le canal Philippe-Lamour sur 300 kilomètres au-delà de Montpellier. Il permettrait accessoirement de sécuriser l’alimentation en eau de la plaine littorale du Languedoc-Roussillon. La zone d’influence de l’aqueduc engloberait au total 230 communes. Le projet de transfert hydraulique vers l’Espagne porte sur un débit de 10 à 15 m3/seconde. L’investissement pour la réalisation d’un tel ouvrage est de l’ordre de 920 millions d’euros. Chez BRL, on est prêt. Reste maintenant à savoir si les autorités espagnoles sont disposées à retenir cette option. En attendant, côté français, le travail de romain que représente un tel approvisionnement ne fait peur à personne.