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Mort annoncée d’un superphénix

Publié le 27 avril 2004

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Il portait de brillants espoirs mais avait de nombreux ennemis. EDF annonce la déconstruction totale pour 2025 du surgénérateur nucléaire Superphénix, de Creys-Malville (Isère). Une entreprise de très longue haleine qui va encore faire chauffer les esprits.
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Superphénix, fleuron de ce qui devait être une nouvelle génération de centrale nucléaire sera né grâce au bon vouloir du public et mort de la même façon. Ce sont en effet deux enquête publiques qui auront décidé de sa construction et de sa destruction. Une nouvelle enquête publique est en effet nécessaire pour procéder à son démantèlement. Quand le gouvernement à décidé en juin 1997 de fermer la centrale nucléaire Superphénix , il s'était donné initialement un délai de 50 ans, réduit par la suite à 25 ans. Mais son décret de décembre 1998 n'avait cependant pas tranché sur la façon de traiter, de conserver ou d’éliminer certains éléments radioactifs. La nouvelle enquête publique a pour donc objet d'autoriser le traitement des 5.500 tonnes de sodium liquide qu'utilisait le réacteur pour évacuer la chaleur, alors qu'initialement seule la vidange était autorisée. Il faut rappeler que le combat des écologiques portait surtout sur l’utilisation du sodium liquide.

EDF veut installer deux chaînes de production sur le site permettant de transformer le sodium en soude. Le sodium est en effet une substance délicate à manipuler car elle s'enflamme au contact de l'air et de l'eau. Le soude sera incorporé à des blocs de béton. Ces blocs seront faiblement radioactifs, seulement 2 à 3 fois plus que le granit naturel, et faciles à transporter, indique le directeur de la centrale Marc Leurette. Au total, l'opération devrait déboucher sur la production de 70.000 tonnes de béton et devrait durer quatre ans. Le procédé de transformation du sodium en soude a été créé par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et est utilisé actuellement en Ecosse pour retraiter le sodium de la centrale de Dounreay.

L'enquête doit aussi demander le droit d'exploiter pendant 30 ans un atelier pour l'entreposage du combustible (APEC), où seront placés le coeur qui avait servi pendant l'exploitation de la centrale et le coeur neuf qui était destiné à le remplacer. Ces coeurs sont composés d'assemblages combustibles qui contiennent chacun 7 tonnes de plutonium, une substance particulièrement dangereuse. "Ce combustible n'est pas adapté pour les réacteurs nucléaires de 3e génération à eau pressurisée (EPR)", a indiqué le directeur de la centrale. Pour lui, "ces coeurs ne sont pas un déchet mais constituent une réserve énergétique pour l'avenir". En effet, "Un coeur neuf représente une production théorique d'une puissance de 1.300 mégawatts pendant deux ans et le stockage donnera du temps pour prendre une décision à son sujet". En effet, cette décision ne sera pas facile à prendre…

A moins que ces cœurs de réacteur n’aient pas de deuxième « chance », comme ce pourrait être le cas s’ils s’avéraient compatibles avec des éventuels futurs réacteurs. Déjà, EDF estime que la "valorisation éventuelle de ce combustible dans de futurs réacteurs utilisant le plutonium, sera envisagée à l'horizon 2020/2030, en fonction des choix politiques énergétiques du gouvernement".C’est ce qu’a indiqué le directeur délégué de la centrale, Christian Montane.

Pour l’instant, la destruction du site est un ouvrage de très grande envergure. Le démantèlement de la gigantesque cuve du réacteur, fortement radioactive, s'étalera sur dix ans entre 2010 et 2020. La démolition du bâtiment réacteur devrait elle durer cinq ans. Alors qu'EDF évoquait un "retour à la pelouse" à Creys-Malville en 2025, il y restera quand même un bâtiment avec une piscine contenant 14 tonnes de plutonium. Un côté positif : le coût pour le démontage de la centrale a été révisé en légère baisse à 880 M€ au lieu de 900 M€. Cette fois c’est certain, le phénix ne resurgira pas de ses cendres.

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