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Montpellier, un émissaire controversé

Publié le 22 septembre 2003

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Palavas-les-Flots, la plage qui jusque-là se voulait la plus belle de l’Hérault est en passe de battre un autre record, celle de la plage devant laquelle se déversera le plus gros égout de la Méditerranée.
Montpellier, un émissaire controversé - Batiweb
Dès les premiers jours de septembre, les ouvriers ont remplacé les touristes sur la lagune de Palavas-les-Flots. Sous l’œil satisfait des ingénieurs, ils ont rouvert un vaste chantier resté fermé durant l’été. Un chantier hors-normes engagé depuis 2002 par la ville de Montpellier et dont les élus sont particulièrement fiers. Ces ouvriers posent en effet le plus gros égout maritime d’Europe. La canalisation, qui répond au noble nom d’émissaire, est dotée d’un diamètre de 1600 mm et d’une longueur de 20 km. Des dimensions-records qui vont permettre à la ville de déverser en mer, à 11 km des plages les plus fréquentées de l’Hérault, les eaux résiduelles de la station d’épuration de la ville de Montpellier et des communes avoisinantes. C’est en effet la solution retenue et agréée par le conseil départemental d’hygiène, afin d’évacuer les effluents finaux de la station d’épuration de la Céreirède.
Le volume de ces effluents était tel, qu’aucune des rivières locales n’aurait pu les absorber. Les contraintes techniques de pression, de rupture ou de résistance se sont par ailleurs multipliées dans le projet de cet égout géant. Ainsi, pour répondre au cahier des charges relatif aux canalisations, il a fallu confier aux Norvégiens la réalisation des tronçons de PHD (polyéthylène haute densité). La Norvège possède en effet l’une des trois seules usines au monde capables de réaliser ces tuyaux. Les convois maritimes se sont ainsi multipliés entre la Norvège et Sète pour tracter en surface les tronçons de 550 mètres chacun. Une fois assemblé et enfoui dans le fond de la Méditerranée, l’émissaire sera recouvert de béton. Son extrémité devrait ainsi déboucher, à l’horizon 2004, sur le fond marin à une profondeur de 30 mètres et une distance de 11 km de la lagune de Palavas.
Une profondeur et une pente suffisante semble-t-il pour dégoûter toute bactérie de faire le chemin inverse hors de l’égout (sauf si celle-ci découvre la flottaison). Par précaution, les experts ont cependant limité contractuellement la présence de germes dans les rejets à moins de 15 pour 100 millilitres. Soit une norme cent fois supérieure à celle habituellement exigée pour les eaux de baignade. Certains riverains s’interrogent cependant sur l’utilité d’un tel investissement, dès lors que cette norme sera toujours respectée. Par prudence donc, le cas d’une pollution accidentelle à donc été prévue où l’Ifremer sera chargé de donner l’alarme. Ses techniciens vont surveiller des coquillages placés entre la sortie de l’émissaire et la côte, jouant un rôle de traceur : s’ils sont malades, les autorités avertiront les baigneurs. Reste cependant à souhaiter pour les plagistes que la contamination soit fulgurante afin d’être décelée assez tôt. Autre point d’interrogation : pourquoi la surveillance n’est envisagée que pour cinq ans ?
En attendant, l’égout modèle de Montpellier à d’ores et déjà donné lieu à la construction d’un gigantesque batardeau de soutien, constitué de rideau de palplanches de plusieurs centaines de mètres sur la mer. Un ouvrage que les vacanciers qui ont acheté à cet endroit, des résidences vendues comme idylliques, n’avaient pas prévu devant leur balcon. L’émissaire de Palavas n’a donc peut-être pas fini de faire parler de lui.

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