À Metz, on sait ce que mutation veut dire. La ville vient de placer ses archives dans les anciens réservoirs d'eau d'un cloître.
Deux écoles s'affrontent dès que l'on aborde la question du patrimoine : d'une part les puristes pour lesquels un monument n'existe que dans sa pureté originelle, d'autre part ceux pour qui les monuments peuvent s'inscrire dans une modernité. Plutôt que de laisser mourir, ne vaut-il pas mieux transformer ? C'est certainement ce que se sont dit deux architectes, Gérard Buffière et Christian Paradon, quand leur fut soumis, par la ville de Metz, la réhabilitation du cloître des Récollets. Le maire et ses édiles avaient besoin d'un nouvel espace pour entreposer les riches archives de la ville, dont certaines remontent au XIIIe siècle. La contrainte : aménager et sécuriser dix kilomètres de rayonnages, une opération de 4,2 millions d'euros. D'où l'idée de réaménager le cloître des Récollets qui connut, par ailleurs, bien des destins divers : magasin à sel, tonnellerie puis cordonnerie pour l'armée, ateliers de charité, bureau de bienfaisance et enfin crèche et orphelinat.
Des kilomètres d'archives
En 1863-1864, sur une partie des jardins du couvent fut édifié un réservoir d'eau sur deux étages pour l'approvisionnement de la ville. Voici le contexte qui s'offrait aux architectes qui prirent alors le parti de restaurer les deux réservoirs pour y installer les kilomètres d'archives nécessaires ainsi que l'aménagement, en surface, d'une vaste salle de lecture. Chaque réservoir, d'une superficie de 1.500 m2, comprend 150 piliers, en pierre de Jaumont, entre lesquels sont désormais aménagés des rayonnages fixes et mobiles. L'ancienne bibliothèque du cloître, éclairée par une verrière de 200 m2, est devenue une somptueuse salle de lecture.
Voici comment un cloître du XIIIe fait son entrée dans le XXIe siècle et comment le silence de la lecture à remplacé celui de l'eau…