Luc Besson créé son Hollywood à Saint-Denis
Sa décision est dictée par le besoin qu’a le cinéma français de disposer de studios de la taille de ceux de Los Angeles. Comme la Grande-Bretagne, l'Allemagne et l'Italie, il faut un lieu unique, en France, où puissent se retrouver, se fédérer tous les artisans de la profession. Plusieurs sites étaient candidats, mais c’est l’usine de Saint Denis, avec ses murs saumon plantés en bord de Seine, qui a gagné les faveurs du réalisateur. D’ailleurs, l'immense bâtiment fait penser aux célèbres studios Universal de Californie. L'intérieur de la halle fait 180 mètres de long et 40 mètres de haut, elle est actuellement en plein désamiantage. L'usine sera transformée en locaux pour les sociétés de production et des arbres seront plantés dans l'allée centrale. Les plateaux de tournage - une dizaine, de 1 000 m2 chacun - seront construits de part et d'autre et en contrebas de l'usine, édifiée sur un socle de 8 mètres. Les travaux, qui permettront d'aménager près de 50 000 m2 en tout, devraient être achevés en 2006, pour un investissement total de plus de 100 millions d'euros, grâce à un montage financier avec plusieurs banques.
Les premiers films pourront alors être tournés avec environ un millier de personnes employées sur le site. Très vite aussi, Luc Besson veut organiser des visites des studios le week-end. Et, dans une seconde phase, il envisage d'ouvrir un parc d'attractions sur les thèmes du cinéma.Juste ce qu’il faut pour faire pâlir Euro Disney dont le parc, sur le même thème, n’est pas au mieux de sa forme. Sur de lui, le réalisateur a déjà pris avec EDF une option d'achat sur les 9 hectares voisins, le double de la surface actuelle. Son projet peut paraître démesuré, mais Luc Besson aime les défis. D’ailleurs, sa démarche a été très bien reçue par les responsables politiques et les élus du département. Le gouvernement a donc donné au projet de studios le label d'"opération d'intérêt national", à l'occasion du comité interministériel d'aménagement du territoire (CIADT) du 18 décembre 2003. Jean-Jacques Aillagon, le ministre de la Culture et de la communication, a déclaré dans une interview donnée au magazine « Le film français » que ces studios seraient "le moyen d'attirer en France des productions de taille internationale".
Bien sûr, ce sont les élus de Seine Saint Denis qui sont les plus satisfaits : Patrick Braouezec, le maire (PCF) de Saint Denis souhaite « rentrer très vite dans une phase opérationnelle ».Pour cela, il a pris contact avec le ministre des transports et de l'équipement pour améliorer la desserte du site par la Seine ou par l'autoroute A86. Toute la région devrait pouvoir tirer son épingle du jeu : pour Jean-Pierre Dayras, directeur général de la Pleine Commune (l’agglomération urbaine qui regroupe sept villes de la Pleine-Saint-Denis) il y a une trentaine d’hectares, avec la gare du RER D et la station de métro Carrefour-Pleyel qui pourront être réaménagés avec des logements et des équipements neufs. Les studios nés de la volonté de Luc Besson pourraient alors être le levier du développement de toute la zone, à l’instar de l’est de Saint Denis avec le Stade de France. A terme, ces studios seront le plus bel héritage que Luc Besson aura laissé au cinéma français…