Les Koweitiens tiraillés entre leurs intérêts et la sécurité des employés
"Travailler dans cette situation d'insécurité est extrêmement difficile", a déclaré Ghassan Jassem Aboul, directeur général de la firme Sager Al-Kuwait Transport Co., qui a suspendu ses activités en Irak pour préserver la vie d'un de ses chauffeurs turcs, Medhat Chiwi, pris en otage par un groupe armé et libéré lundi. "L'arrêt de nos opérations est permanent. Cela va nous coûter de lourdes pertes car nous sommes tenus par des contrats, mais nous espérons qu'ils (les partenaires) comprennent notre position. Nous ne pouvons pas continuer à exposer nos employés aux enlèvements et aux assassinats", a dit M. Aboul à l'AFP.
Lors d'une visite au Koweit, le propriétaire de la compagnie turque Inaya, par l'intermédiaire de laquelle M. Chiwi a été engagé par la firme de M. Aboul, a affirmé à l'AFP que son entreprise allait cesser ses activités en Irak en raison de l'insécurité. Des centaines de poids-lourds et de camions-citernes livrent quotidiennement, depuis 18 mois, des vivres et du carburant ainsi que des équipements militaires et civils en Irak. Les chauffeurs sont en majorité originaires de pays du tiers-monde. Des firmes koweitiennes ont aussi remporté d'autres genres de contrats, notamment en sous-traitance dans les secteurs pétrolier et des télécommunications.
Des centaines de chauffeurs turcs, basés au Koweit, ont manifesté la semaine dernière pour réclamer plus de sécurité en Irak ou l'abrogation de leurs contrats. Quatre Turcs ont été déjà exécutés par leurs ravisseurs en Irak. "Ils ont peur d'être pris en otage. Ils veulent améliorer leur sécurité", a déclaré une porte-parole de l'ambassade de Turquie à Koweit, Derya Dingiltepe. James Reheiser, porte-parole de la firme koweitienne Public Warehousing Co. (PWC Logistics), liée aux forces américaines par des contrats de centaines de millions de dollars, a indiqué que "tous nos convois en Irak sont escortés par l'armée américaine". Mais des routiers de différentes compagnies affirment que, s'ils sont effectivement protégés à leur arrivée, ils sont livrés à eux-mêmes lors de leur retour au Koweit.
La firme Kuwait and Gulf Link (KGL), engagé par un contrat annuel de 100 M USD passé avec les forces américaines, a payé la semaine dernière une rançon de 500.000 USD pour obtenir la libération de sept de ses chauffeurs, qui ont passé 43 jours en captivité. Le président de KGL, Saïd Ismail Dashti, a indiqué que sa compagnie avait, depuis, renforcé la sécurité de ses convois et chargé des entreprises irakiennes de la distribution des cargaisons dans les villes irakiennes.
Par Omar HASSAN pour AFP