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Le spectacle est sur la façade

Publié le 06 avril 2004

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Quelle meilleure surface d’affichage que les bâtiments en travaux ou en ravalement? Dans toutes les villes de France et d’Europe, les copropriétaires et les annonceurs publicitaires nous en mettent désormais plein la vue.
Le spectacle est sur la façade - Batiweb
Difficile de les rater… Les immenses bâches publicitaires qui recouvrent les échafaudages des immeubles en cours de ravalement mesurent le plus souvent entre 200 et 400 m2. Une surface immense, que les publicitaires ont commencé à convoiter il y a quelques années à peine et qui représentent désormais une bonne partie des budgets alloués aux campagnes d’affichage des grands annonceurs. Elles sont aussi immenses que persistantes car elles restent en place en général pendant la durée des travaux qu’elles dissimulent. Deux qualités majeures qui en font des investissements recherchés des publicitaires.

Une utilisation astucieuse des fonds qu’elles rapportent favorise cependant grandement leur développement. Elles apportent en effet aux copropriétaires d’immeubles le financement nécessaire à leurs travaux de ravalement. Parfois, l’intervention des agences publicitaires permet même de solder des comptes en souffrance et de mener ainsi à terme des travaux enlisés et longtemps repoussés. C’est même quelques fois l’argument phare des entreprises qui font de la commercialisation de ces espaces privilégiés leur fond de commerce. Loin d’être mis au banc des destructeurs d’environnement, leurs interventions débloquent les dossiers de financement et les citadins entretiennent à moindre frais leur patrimoine.

Les municipalités ne sont pas en reste car elles perçoivent une taxe conséquente sur les publicités. Au vu de ce que déboursent les annonceurs (une façade d’immeuble peut rapporter plusieurs centaines de milliers d’euros) ces revenus supplémentaires devraient être une raison suffisante pour délivrer les autorisations d’affichage. Pourtant, ce n’est pas toujours le cas. Esthétique oblige, le plus souvent, les mairies étudient les dossiers au cas par cas avant de donner leur aval. A Paris par exemple, sauf quelques exceptions, seules les toiles publicitaires vantant les magasins qu’elles camouflent sont autorisées. Cependant, malgré la pression du groupe des « Verts » et compte tenu de l’exceptionnel rapport de cette nouvelle manne, le service de la publicité et des droits de voirie de la ville de Paris étudierait à son tour l’éventualité d’une ouverture plus large des façades à la publicité.

Pour l’instant, le « business » est dans les mains des agences de communication qui se chargent de débusquer les meilleurs immeubles, les mieux placés, Pour les entreprises d’échafaudage, un affichage publicitaire n’implique qu’une augmentation du poids de la bâche, ce qui suppose la mise en place d’un cadre métallique spécifique. L’installation des bâches doit cependant le plus souvent être réalisé par des sociétés spécialisées dans les travaux d’accès difficile. Des copropriétaires d’immeubles aux professionnels du ravalement en passant par les municipalités, tout le monde semble donc ce réjouir de la croissance de cette nouvelle forme de communication. D’autant que la vision d’échafaudages même bien montés, n’à jamais été un critère esthétique recherché par les esthètes de la ville.

Ce sont elles les dernières bénéficiaires, en fin de chaîne, de cette technique publicitaire agressive certes, mais tellement agréable pour les porte-monnaie des uns et des autres…

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