Le spectacle est sur la façade
Une utilisation astucieuse des fonds qu’elles rapportent favorise cependant grandement leur développement. Elles apportent en effet aux copropriétaires d’immeubles le financement nécessaire à leurs travaux de ravalement. Parfois, l’intervention des agences publicitaires permet même de solder des comptes en souffrance et de mener ainsi à terme des travaux enlisés et longtemps repoussés. C’est même quelques fois l’argument phare des entreprises qui font de la commercialisation de ces espaces privilégiés leur fond de commerce. Loin d’être mis au banc des destructeurs d’environnement, leurs interventions débloquent les dossiers de financement et les citadins entretiennent à moindre frais leur patrimoine.
Les municipalités ne sont pas en reste car elles perçoivent une taxe conséquente sur les publicités. Au vu de ce que déboursent les annonceurs (une façade d’immeuble peut rapporter plusieurs centaines de milliers d’euros) ces revenus supplémentaires devraient être une raison suffisante pour délivrer les autorisations d’affichage. Pourtant, ce n’est pas toujours le cas. Esthétique oblige, le plus souvent, les mairies étudient les dossiers au cas par cas avant de donner leur aval. A Paris par exemple, sauf quelques exceptions, seules les toiles publicitaires vantant les magasins qu’elles camouflent sont autorisées. Cependant, malgré la pression du groupe des « Verts » et compte tenu de l’exceptionnel rapport de cette nouvelle manne, le service de la publicité et des droits de voirie de la ville de Paris étudierait à son tour l’éventualité d’une ouverture plus large des façades à la publicité.
Pour l’instant, le « business » est dans les mains des agences de communication qui se chargent de débusquer les meilleurs immeubles, les mieux placés, Pour les entreprises d’échafaudage, un affichage publicitaire n’implique qu’une augmentation du poids de la bâche, ce qui suppose la mise en place d’un cadre métallique spécifique. L’installation des bâches doit cependant le plus souvent être réalisé par des sociétés spécialisées dans les travaux d’accès difficile. Des copropriétaires d’immeubles aux professionnels du ravalement en passant par les municipalités, tout le monde semble donc ce réjouir de la croissance de cette nouvelle forme de communication. D’autant que la vision d’échafaudages même bien montés, n’à jamais été un critère esthétique recherché par les esthètes de la ville.
Ce sont elles les dernières bénéficiaires, en fin de chaîne, de cette technique publicitaire agressive certes, mais tellement agréable pour les porte-monnaie des uns et des autres…