"J'essaie aujourd'hui de provoquer un tour de table avec les collectivités
locales pour voir si elles sont prêtes à s'engager dans ce projet et à prendre
à leur charge ce qui leur revient", a déclaré à l'AFP le préfet du Calvados et
de la région Basse-Normandie, Cyrille Schott.
Des contacts ont été pris avec le conseil régional de Basse-Normandie, le
conseil général du Calvados, la ville et la communauté de communes de
Honfleur, la chambre de commerce et le port autonome, selon le préfet.
Mais le conseil général du Calvados se montre prudent. Sa présidente, Anne
D'Ornano, se dit favorable au projet à condition d'en savoir un peu plus sur
sa faisabilité et son financement.
"Je n'ai pas été saisie officiellement du projet et on ne peut pas se
prononcer avec un couteau sous la gorge, il faut faire une étude et je n'ai de
réponse à aucune de mes questions", a estimé Mme d'Ornano.
Mr Dahan dispose toutefois du soutien de l'Etat. "Si ce projet peut se
réaliser, les Français en seront évidemment heureux et le gouvernement, les
représentants de l'Etat, en seront tout à fait contents", a estimé Mr Schott.
Mais le rachat de l'ex-France n'est pour l'instant pas bouclé. "Je suis un
petit peu dos au mur parce que si je n'ai pas une assurance formelle des
pouvoirs publics, je ne peux rien faire, je ne peux pas me lancer et ramener
ce navire pour qu'on le laisse au large", a déclaré à l'AFP Isaac Dahan.
ferraille
"On est à la limite là, et puis demain ce sera trop tard", a-t-il regretté,
alors que l'actuel propriétaire du paquebot, la compagnie malaise Star
Cruiser, serait à "deux doigts de concrétiser avec un autre acheteur", selon
Mr Dahan.
Il s'agirait d'un acheteur asiatique, intéressé par la ferraille du
paquebot, alors que les prix de l'acier sont au plus haut.
Une fin impensable pour les nombreuses personnes qui se battent pour le
retour du paquebot en France, et pour lesquelles il est le symbole de l'époque
faste des transatlantiques et des "trente glorieuses".
La compagnie malaise Star Cruise souhaiterait, quant à elle, conclure au
plus vite la transaction, les coûts du stationnement du Norway au port
allemand de Bremerhaven atteignant 500.000 dollars par mois.
Isaac Dahan, qui pourrait débourser 20 millions d'euros pour racheter le
Norway, s'est engagé à faire désamianter le paquebot, une opération qui
devrait avoir lieu à Cherbourg (Manche) en cas d'aboutissement du projet. A
ces coûts s'ajoutent ceux liés à l'aménagement du paquebot en hôtel de luxe
avec casino.
De son côté, l'Etat a estimé à entre 15 et 20 millions d'euros le coût pour
les collectivités locales pour l'aménagement du quai au pied du pont de
Normandie, ainsi que des infrastructures avoisinantes.
Mis en service en 1961 pour assurer des liaisons régulières entre Le Havre
et New York, l'ex-France fut pendant plus de 40 ans le plus grand paquebot du
monde avec ses 313 mètres avant d'être détrôné en janvier dernier par le Queen
Mary II.
Il connu à partir de 1979 une seconde carrière comme paquebot de croisière
sous le nom de Norway. Victime de l'explosion d'une chaudière en 2003, il a
été depuis désarmé et relégué au port allemand de Bremerhaven.
Par Sandra FERRER