Le pont de la réconciliation
A l’issue de la guerre, les soldats français se sont vus, sous l’égide de l’ONU, confier la tache délicate de la réconciliation entre les Serbes et les Bosniaques de la région. C’est autour de la reconstruction du pont qu’ils ont ainsi, pendant presque dix ans, réuni les deux ethnies. Une vaste et délicate mission car de part et d’autre du pont la haine semblait indélébile. Mais comme dit l’adage, «quand la volonté existe, il y atoujours un chemin». C’est ce chemin que ces soldats se sont efforcés d’ouvrir, au prix de vicissitudes constantes. La mission est accomplie. La reconstruction du pont a coûté 12 millions d’euros. Celle de la réconciliation des Hommes n’est pas chiffrée car elle n’a pas de prix. Les 1088 pierres nécessaires à la reconstruction ont été taillées à la main, selon les techniques anciennes que Serbes et Bosniaques ont redécouvertes ensemble.
Des centaines d’entre eux, ravis et émus, ont voici quelques jours franchi, pour le première fois depuis dix ans, le pont reconstruit entre les deux parties de la ville. Des délégations d’une cinquantaine d’Etats assistaient à la cérémonie dont les dirigeants de Serbie et de Croatie. Pour marquer le caractère multiethnique et multiconfessionnel de la Bosnie, des imams ont appelé les fidèles à la prière tandis que sonnaient les cloches des églises catholiques et orthodoxes de la ville. Mais cela sera-t-il suffisant ? En Bosnie les questions demeurent, le vieux pont de Mostar connaîtra-t-il encore mille ans de paix ?