Le Pompéi des Meldois
Ce dimanche, c'est l'occasion pour eux d'une nouvelle promenade devant les caméras de télévision. Un divertissement magistral sous haute-sécurité. Mais quelques secondes plus tard, alors que ferraille et béton s'affaissent comme une sculpture d'allumettes, les Meldois cèdent à la panique et se mettent à fuir face à l’arrivée d’ un gigantesque nuage de poussière. Il les poursuit, roule et s'étend tel une lame de fond dans une drôle de lumière jaune. Consternation des ingénieurs plantés autour des ruines d'Acacias et de Bleuets.
Mais que s'est-il passé ? Ce devait être une première en France : un nouveau procédé de confinement du nuage de poussières de démolition, basé sur le principe d’une noyade simultanée de l’ouvrage devait entrer en action. Pour ce faire, un réseau de canalisations d'eau avait été disposé autour des bâtiments. Il devait exploser en même temps que les charges principales afin d'empêcher la diffusion du nuage de poussière grâce au rideau ainsi formé. Malheureusement, l'effet produit fut celui d'un pétard mouillé. En lieu et place du rideau d'eau attendu, ce fut un phénoménal nuage de poussière qui s’est dirigé vers les spectateurs dans un remake de l’effondrement des tours du World Trade Center. Pour les ingénieur, c'est une douche froide. D'autant que les conséquences des émanations de ces poussières sont méconnues. Pourtant, des solutions bien qu’elles ne correspondent pas à tous les chantiers existent et ont fait leur preuve.
En effet, d’autres démolitions, toutes aussi innovantes ont déjà, comme à Osny (95) en 2000, démontrées leur efficacité en matière de poussière. Lors de cette opération il n’était pas question de laisser échapper la moindre particule. Cet ancien siège de la banque CIC de 20.000 m2 de surface se composait en effet d'un mixte de béton et de fibrociment, bourré d'amiante. Un échec aurait eu des conséquences graves. La solution retenue à l’époque fut de confiner l'implosion. L'immeuble d’Osny, débarrassé des éléments sans amiante fut donc d’abord recouvert d'une bâche en géotextile lourd. Ce matériau à fort coefficient d'allongement avant rupture, laisse passer l'air en gardant les poussières. Une fois empaqueté, l'ouvrage a ensuite été rempli d'une mousse constituée de 96 % d'eau et d'un adjuvant, une sorte de Mashmalow « spécial démolisseur », véritable piège à poussière, qui devait aussi étouffer le bruit et l'onde de chocs. Les 100 kg d'explosifs ont implosé et détruit le bâtiment, en six secondes, dans la discrétion la plus absolue. Les capteurs de poussières, installés autour de l'ouvrage ne révélèrent qu'une teneur dans l'air de zéro à deux fibres par litre soit une norme très inférieure à la règle.