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Le Mont-Saint-Michel, la mise en place difficile du sauvetage du siècle

Publié le 23 janvier 2002

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Alors que les travaux devraient commencer, la polémique continue parmi les ingénieurs chargés de sauver la colline sacrée. En fait, le sauvetage du Mont-Saint-Michel est plus difficile à mettre en place que ne l’a été sa construction
Le Mont-Saint-Michel, la mise en place difficile du sauvetage du siècle - Batiweb
Si depuis 1995, on pouvait craindre une certaine lourdeur technocratique due aux divergences d’un partenariat multiple, ces angoisses aujourd’hui n’ont plus cours… Les exigences esthétiques et les contraintes, tant techniques qu’environnementales, tendent plutôt à bonifier la conception du programme. Même si comme le précise Philippe Unterreiner, chef de la mission Mont-Saint-Michel “ une jurisprudence récente relative à la loi Littoral nous a amenés à déplacer le parking pour la seconde fois, nous pensions pourtant avoir pris toutes les précautions… ”. Le lancement d’un nouveau concours va engendrer une année de retard. Avantages du nouvel emplacement ? Il sera, ni situé en bord de mer, ni dans la zone classée. En revanche, sa position plus au sud placera la réglementation de la circulation automobile sur la zone de la caserne. Un problème de plus à régler… Le chef de projet de la mission pense, quant à lui, qu’il sera possible de maintenir la circulation des véhicules des hôteliers, des commerçants et de leurs clients, voire des autocars. Le débat est en cours. Les visiteurs bénéficieront d’un nouveau parking de 4 000 places puis devront marcher ou prendre une navette sur pneus, d’une capacité de 100 personnes. Aucune autre circulation ne sera autorisée, mis à part les véhicules de sécurité et ceux qui sont rattachés à la vie du Mont et de la Caserne. Un foncier en or Le syndicat mixte attend l’avant-projet détaillé du parking et des bâtiments d’accueil avant de procéder aux enquêtes publiques d’expropriation sur un foncier que les propriétaires disent “ valoir de l’or ”. L’actuel parking sera détruit pour redonner place à une grève. Enfin, une passerelle remplacera, en partie, la digue route donnant accès au rocher. Cette passerelle, de 700 m de long et de 9,50 m de haut, conduira à un terre-plein situé à 5,50 m du sol. La remontée s’effectuera par un gué. Ce dernier permettra d’accéder à la porte de l’Avancée sauf pendant les grandes marées où l’entrée se fera par un cheminement piétonnier aménagé dans le rocher. Le syndicat mixte présentera prochainement une simulation des ouvrages de la baie à la Commission supérieure des sites et à son homologue des monuments historiques. Si les commissions donnent leur aval, les quatre équipes d’architectes se mettront à l’ouvrage. Il leur faudra alors répondre aux exigences des hydrauliciens en prévoyant une passerelle aux piles suffisamment fines pour ne pas contrer le courant du Couesnon. Un pari à la fois technique et esthétique… Pourquoi une telle passerelle ? Pour éviter le blocage de la circulation des courants. Les hydrauliciens ont, en effet, démontré que la digue route, construite à la fin du XIXe siècle, avait accentué le phénomène naturel de sédimentation. Marée après marée, 700 000 m3 de sédiments sont ainsi déposés. Moins puissant que le flot, le jusant n’en n’entraîne qu’une partie… En rétablissant la circulation du Couesnon, de part et d’autre du Mont-Saint-Michel, on attend un ralentissement du dépôt de sédiments et une progression des herbus. Enfin, un nouveau barrage viendra remplacer celui de la Caserne créé en 1969. Destiné à mettre hors d’eau 120 ha de terre, il a empêché la remontée et la descente de plus d’un million de mètres cubes d’eau. Conçu par l’architecte Luc Weizmann, le nouveau barrage laissera entrer les eaux à marée haute, les stockera en amont puis les restituera à marée basse. Pour un paysage maritime naturel Pour faciliter les écoulements, on creusera également le lit du Couesnon. Une partie des sédiments retirés servira à enrichir les polders et les champs. Et, pour éviter que les flots du Couesnon ne percutent les sables limoneux des aménagements hydrauliques dirigeront le courant de part et d’autre du Mont. Ils permettront d’obtenir une divagation conforme à un paysage maritime naturel. L’ultime pari ? La gestion du flux touristique : chaque année le Mont-Saint-Michel reçoit plus de 3 millions de visiteurs qui pourraient bien être 4 millions d’ici peu. La sauvegarde d’un espace unique mérite bien quelques efforts. Ils ne seront pas ménagés par les entreprises qui, dans cette affaire, devront extraire et transporter des millions de m3 de sédiment dont on ne sait encore que faire.

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