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Le coup de foudre est effacé sur la colonne de Wimille

Publié le 01 octobre 2004

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En 1999, les passionnés de Napoléon étaient prèts à accuser les Anglais. Un mauvais coup de foudre avait en fait endommagé la colonne de la Grande Armée à Wimille. La colonne la plus haute de France, chargée de perpétuer le souvenir du siège de l’Angleterre par l’Empereur, est aujourd’hui restaurée. Les descendants des grognards peuvent souffler…
Le coup de foudre est effacé sur la colonne de Wimille - Batiweb
En 1999 l’affaire avait fait grand bruit dans les rangs des dévots de Napoléon. A Wimille, près de Boulogne-sur-mer, la colonne de la Grande Armée avait été endommagée. Plus grave encore, la statue de l’empereur qui la surplombe avait été victime des pires outrages, elle avait même perdu sa tête ! Ce ne pouvait être que l’oeuvre de la perfide Albion. Funeste confusion, les spécialistes, malgré le scepticisme ambiant, eurent tôt fait de dénoncer la vraie coupable, il s’agissait tout bêtement de la foudre…

Le 18 septembre dernier, face à la mer, sur la cote boulonnaise, ils étaient tous là. Les fidèles de Napoléon n’auraient manqué pour rien au monde ce jour : on ouvrait à nouveau au public le site de la colonne de la Grande Armée. Sous la direction de l’Architecte en chef des monuments historiques Lionel Dubois, et grâce aux remarquables compétences de l’entreprise Chevalier Nord, la colonne commémorant le siège de l’Angleterre par les troupes napoléoniennes était restaurée, presque neuve. Il est vrai que le monument, pourtant peu connu des Français, constitue un site majeur du souvenir de l’empereur.

Son érection est née dans l'esprit des troupes cantonnées à St Omer. Dès le 1er Vendémaire de l'an XIII (21 Septembre 1804) le Maréchal Soult donnait l’ordre de sa construction. La colonne fût financée grâce à des "retenues"sur solde d'une journée par mois par officier et une demi-journée pour les s/officiers et hommes de troupes et de la Marine. Elle fut d’emblée baptisée « colonne napoléonienne ». Le marbre dit « marbre de l'Empereur" fut extrait des carrières des environs de Marquise, à quelques kilomètres au Nord-ouest de Boulogne Il fût précisé que la pose de la première pierre de cette colonne serait effectuée le 18 Brumaire de la même année (6 novembre 1804), date « anniversaire de la régénération de la France sous le Gouvernement réparateur de Napoléon le Grand ». Contrairement à une idée reçue, le monument n’avait pas pour objet la commémoration de la création de la légion d’honneur.

. Le jour de son inauguration, un ordre de la Marine stipule qu’après la Grand-messe de 9h30, un détachement de cent artilleurs de marine et de cent marins en grande tenue, accompagné de l'état-major, devrait se rendre sur le site. Un procès verbal de la commission Municipale du 17 Brumaire précise l'emplacement du monument. Il se situe à 200 mètres de la route de Calais, sur une surface de 4 hectares et demi. Le coût du terrain fut de 18.000 Frs. En guise de première pierre, on mit un bloc de marbre de 80 cm sur 60 et 27 cm d'épaisseur. Le Maréchal Soult, devant les détachements en carrés posa cette pierre, accompagné d'un Grenadier de chaque régiment.

A l’issue de la Bataille d'Austerlitz, le Maréchal Soult envoya à Napoléon 49 tonnes de bronze prises à l'ennemi. Houdan s'attachera à l'employer pour fabriquer la statue de l'Empereur et les bas-reliefs. Le 1er Octobre 1810, le tableau des recettes indiquait que l'armée avait déjà souscrit pour l’ouvrage la somme colossale de 1.408.578 Frs et 30 centimes. La construction de la colonne devait durer 4 ans mais en 1814, elle était loin d'être terminée. Haute de 19 mètres au lieu des 50 initialement prévus, elle réclamait encore des sommes importantes.

Après Waterloo, le gouvernement monarchiste exigea qu'on lui remette tout le bronze, statue et bas-reliefs compris. Il fût utilisé avec la statue de la place Vendôme pour fondre la statue d'Henri IV sur le Pont-neuf à Paris. La colonne de Wimille, devenue un symbole gênant fut alors condamnée à devenir un phare. Cependant, l'opinion publique outragée par le projet multiplia les pétitions. Impressionné, le Duc d'Angoulême céda et fit reprendre les travaux en 1819. Mais une question se posait avec acuité : qui allait-on placer en haut de l'édifice? On pencha pour Louis XVIII, puis Henri IV. Ce fût finalement un globe fleurdelisé surmonté d'une couronne Royale nommé "Globe de la légitimité", qui fût placé sur ce qui était devenu "La colonne Bourbon".

En 1830, la chute de la monarchie changeait à nouveau la donne. La colonne devint définitivement celle de la Grande Armée. En 1838, le ministre Monlivet commandait à Bosio une statue de l'Empereur qui sera fondue par Denis. Le monument fut ensuite longuement exposé sur les bords de Seine. Au retour des "Cendres", la colonne fut envoyée à Wimille pour y être à nouveau inaugurée le 15 Août 1841. Mais un malveillant avait pendant la nuit gravé dans l'œil gauche de la statue le mot "Waterloo", il fut impossible de l'effacer complètement. La colonne mesurait alors 50,10 mètres de hauteur. Au sommet, une statue haute de 3,50 mètres et pesant 7,5 Tonnes représentait l'Empereur en tenue de sacre dite "Impériale". Napoléon brandissait alors dans sa main gauche un sceptre à l'Aigle.

L'histoire de la colonne de Wimille ne s'arrête pas là. Les bombardements de la deuxième Guerre Mondiale devaient en effet considérablement abîmer la statue. Des témoins racontent même que certains aviateurs Anglais faisaient le détour jusqu’au site pour arroser copieusement la statue de rafales dévastatrices. Elle fut donc remplacée en 1962 par celle que l'on pouvait voir jusqu’en 99, date à laquelle un malheureux coup de foudre devait s’abattre sur l’Empereur. Désormais, au moins jusqu’au prochain, l’épisode est clos. Du Haut de ses cinquante mètres, Napoléon, bras droit dans le gilet, droit dans sa redingote sous son éternel chapeau pose pour longtemps un regard bienveillant sur ses troupes imaginaires.

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