‘Le chant rythmique de l’esprit’ : Art concret et Arts de l’Islam
Si François Morellet n’a jamais fait mystère de ces influences, un ensemble inédit de documents, comprenant notamment les photographies réalisées à l’Alhambra par l’artiste lui-même, permettra de considérer cet ensemble d’œuvres sous un jour entièrement nouveau.
François Morellet n’est pas le seul représentant de l’art concret à revendiquer l’exemple des arts de l’islam. La perspective tracée par ses œuvres sera enrichie, notamment, par la présence de l’un de ses contemporains, Karl Gerstner (Die Formen des Farben, 1986), et bien entendu par celle de Gottfried Honegger (Dessins à l’ordinateur, 1970).
Le cas exemplaire de Frank Stella permettra d’élargir le propos aux tendances minimalistes de l’art américain et de constater une fois de plus le caractère universel des langages géométriques aniconiques.
En réservant une part privilégiée de son parcours à Frantisek Kupka, l’exposition cherchera aussi à rappeler l’ancienneté de ces influences. L’un des pionniers de l’art abstrait dès avant 1914, Kupka a toujours proclamé la haute valeur de l’abstraction ornementale des artistes arabo-musulmans, auteurs, selon son expression, de ce « chant rythmique de l’esprit » auquel le titre de l’exposition fait référence. Il sera représenté par des œuvres de la série Arabesques, peinte en 1926, et par un ensemble d’études et de pièces documentaires qui apportent des indices tangibles de son intérêt pour les arts de l’islam.
Enfin, les œuvres peu connues de certains de ses proches, comme Antoine-Pierre Gallien et Henry Valensi, complèteront le volet historique de l’exposition.
Celle-ci se terminera sur l’évocation de l’intérêt persistant que suscite l’esprit et les formes des arts de l’islam chez des artistes apparus plus récemment. Ainsi, Tania Mouraud, qui produit depuis la fin des années 1980 un travail sur les codes de lecture et sur la transformation de la graphie, réalisera une œuvre murale directement liée à ses derniers travaux à partir de l’écriture coufique. Une série de tableaux de Bernard Frize, fondée sur l’entrelacs géométrique, viendra rappeler la constante fascination des artistes occidentaux pour certaines structures décoratives plus ou moins lointainement dérivées de modèles orientaux (Dash, 1995).
La totalité du parcours de l’exposition sera animée, en contrepoint rythmique, de la présence d’œuvres issues du monde islamique, prêtées par de prestigieuses institutions ainsi que par des collectionneurs particuliers. Représentatives d’une grande variété de techniques et de formes d’expression, elles dialogueront ou se confronteront avec les œuvres de l’art concret selon une méthode éprouvée, qui fait depuis de longues années la marque de fabrique de l’Espace de l’Art Concret.