Lancieux, presqu'île bretonne, entre cité balnéaire et site naturel protégé
La juridiction, saisie par le promoteur, Philippe Benadretti, a suspendu en référé le 6 septembre l'arrêté du préfet des Côtes d'Armor interdisant l'ouverture de l'école, lui donnant deux mois pour revoir sa décision. Interrogée par l'AFP, la préfecture dit envisager un feu vert mais avec plusieurs conditions. Pour Denis Bredin, délégué Bretagne du Conservatoire du littoral, le cas du golf de Lancieux illustre la "pression systématique" exercée par les "besoins croissants de loisir" et qui "risque de menacer la loi littoral à terme".
Un terrain de golf entraîne "une modification importante de l'écosystème", indique M. Bredin ajoutant: "Et puis souvent derrière un golf il y a un projet immobilier".
Pour Michel Aussant, adjoint d'un maire de Lancieux avec lequel il est en conflit, c'est le cas à Lancieux, ce que nie le promoteur. L'adjoint s'est vu retirer sa délégation. L'association de Défense du site de Lancieux (ADSLB), dont il est membre, redoute que la mairie ne change le statut de ce terrain inconstructible.
L'ADSLB, affiliée France Nature Environnement (FNE), espère la mise en vente de ce terrain sur la quasi totalité duquel le Conservatoire du littoral a un droit de préemption. Philippe Benadretti, contacté par l'AFP, n'a pas souhaité s'exprimer avant la fin de la procédure. Mais il a de solides appuis. Devant l'Etat, il a mis en avant une pétition de 600 signatures en sa faveur. L'ADSLB, revendique 400 membres. "L'école de golf est un produit d'appel pour le développement touristique. Sans ce projet le terrain ne sera pas entretenu. La commune n'en a pas les moyens", selon Charles Josselin, ancien ministre PS et conseiller général de Lancieux, interrogé par l'AFP.
"La commune vivait auparavant d'agriculture. Il faut bien qu'elle vive d'une autre activité aujourd'hui, c'est le tourisme. Le golf, le centre nautique ça attire les jeunes", renchérit le maire André Gilbert, selon qui il n'y a pas d'atteinte à l'environnement. M. Gilbert assure que les terrains constructibles seront moins nombreux à l'avenir sur la commune. Il n'exclut pas d'autoriser la construction de quelques infrastructures d'accueil pour le golf, mais de façon très limitée, selon lui.
Par Chloé COUPEAU pour l'AFP