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La source inépuisable d'une cinquantaine d'agriculteurs de la Limagne

Publié le 24 août 2005

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Dans la plaine de la Limagne, une cinquantaine d'agriculteurs utilisent l'eau traitée par la station d'épuration de Clermont-Ferrand pour arroser 700 hectares de maïs, betteraves et pommes de terre sans pomper d'eau de source, de rivière ou de nappe phréatique.
"La source est inépuisable", dit avec fierté Christian Liabeuf, devant les bassins de lagunage bordés de roseaux et les stations de pompage de ce système collectif d'irrigation unique en France à cette échelle.

"Nous n'avions pas de nappe phréatique et les sites de pompage des rivières étaient trop loin, alors il a fallu trouver autre chose", explique l'agriculteur de 62 ans, directeur de l'Association syndicale autorisée (ASA) Limagne Noire qui exploite les installations. Un réseau pilote a été mis en place en 1996 sur 55 hectares. Depuis 1999, il couvre 1.500 hectares, dont 700 sont irrigués chaque année, en fonction de la rotation des cultures.

L'ASA Limagne Noire profite des bassins de lagunage de la Sucrerie de Bourdon, à Aulnat. Ils sont remplis, chaque automne, de l'eau extraite des betteraves ou utilisée pour les nettoyer, puis vidés au printemps. Ils accueillent alors de l'eau épurée rejetée par la station d'épuration toute proche. Sur les 60.000 mètres cubes d'eau qui sortent chaque jour de la station, 20 à 25.000 sont expédiés par des pompes dans les bassins de 12 hectares, le reste est déversé dans l'Artière, affluent de l'Allier.

Ultraviolets

Durant treize jours, l'eau passera dans chacun des huit bassins, le temps d'être purifiée par ultraviolets. Une seconde station de pompage, à la sortie des bassins, enverra ensuite jusqu'à 1.500 mètres cubes d'eau par heure dans 60 kilomètres de conduites enterrées. Les champs, répartis sur huit communes entre Clermont-Ferrand et Riom, sont irrigués ainsi, selon leurs besoins, de mai à septembre.

Un tiers des 5,4 millions d'euros d'investissements ont été financés par les agriculteurs adhérents de l'ASA Limagne noire, à raison de 1.800 euros pour chaque hectare irrigué. Le reste a été pris en charge par l'Europe, l'Etat, le Conseil général du Puy-de-Dôme, l'Agence de l'eau Loire Bretagne et la Sucrerie de Bourdon.

"C'est un système simple, qui fonctionne très bien, mais on a dû ouvrir la voie et il a fallu dix ans pour obtenir toutes les autorisations et le mettre en oeuvre", se souvient Christian Liabeuf. Un comité de suivi se réunit trois fois par an et des analyses parasitologiques et bactériologiques de l'eau sont faites tous les dix jours.

Trois ans de suivi épidémiologique ont montré l'innocuité du système pour les habitants. Les adhérents de l'ASA versent 120 euros par an et par hectare irrigué pour les coûts de fonctionnement mais sont dispensés de payer une redevance à l'Agence de l'eau Loire Bretagne.

"Ce type d'installation est tout à fait reproductible ailleurs", souligne Michel Saintemartine, du bureau d'études SOMIVAL, qui a réalisé le projet. "Pour l'instant, il n'y a pas de véritable conflit de ressource, mais on va y arriver et l'ASA Limagne Noire risque d'être précurseur".

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