La pub et le pochon reculent
Chaque Français produit en moyenne un kilo de déchets par jour et cette quantité a augmenté de 1% chaque année depuis 1992. Qu'il s'agisse de la distribution des prospectus dans les boîtes aux lettres ou de l'usage d'un sac "durable" aux caisses des grands magasins, "on a levé un blocage", a estimé Sylvain Pasquier, responsable de la Prévention et du recyclage à l'Ademe, rappelant au passage que le lancement en 1992 du tri - aujourd'hui acquis - avait suscité à l'époque méfiances et doutes.
Evoquant le bilan de l'opération "Stop Pub", qui vise à endiguer la distribution de 40 kg de prospectus et catalogues par foyer et par an, il a indiqué que 5 % des Français - l'objectif initial - avaient apposé un autocollant sur leur boîte aux lettres.
La marge de progression reste cependant importante: 41 % des Français ne sont toujours pas au courant de cette initiative, qu'un sur cinq serait heureux de rejoindre, selon lui. Deux obstacles, a-t-il fait valoir, entravent encore la bonne marche de l'opération: la passion de 83 % des Français pour les catalogues publicitaires et les journaux gratuits et la crainte des collectivités locales que leurs bulletins d'information ne soient plus distribués. D'où la nécessité de les associer.
Ce fut le cas dans l'agglomération rennaise où, selon son vice-président Jean-Louis Merrien, 60 % des habitants de deux communes-pilote ont collé leur étiquette Stop Pub. La collectivité a calculé que l'économie réalisée sur la collecte et le tri des papiers (150 euros/tonne) permettra de financer la distribution de l'information institutionnelle.
Plus spectaculaire, le recul du pochon (sachet) : "Nous serons à moins 35 % d'ici la fin de l'année", s'est réjoui Pierre Frisch, responsable de l'Environnement à la Fédération du Commerce et de la Distribution. L'engagement initial portait sur une réduction de 15 à 25 % de l'usage des sacs plastique entre 2004 et 2007. Soit 9 milliards de sacs distribués cette année contre 13.
A titre indicatif, a-t-il noté, cent millions de sacs réutilisables ont été vendus cette année par le groupe Auchan (dont M. Frisch est directeur pour l'Environnement). Là encore, a-t-il insisté, "mieux vaut une action fédérée par la collectivité locale, qui résoud ainsi les problèmes de concurrence". Dans les Alpes de Haute Provence, c'est le Conseil général qui a pris la campagne en main fin 2004. Une charte signée par les seize enseignes présentes dans la région a permis de supprimer les sacs de caisse début février, remplacés par des sacs durables.
Coût de l'opération: "18.000 euros de campagne de sensibilisation financés par le Conseil général", a expliqué son président Jean-Louis Bianco. Et "deux millions de sacs en moins" dans la nature.