Pionnière d’une nouvelle génération ou simple exercice de style, les professionnels s’interrogent. En attendant, la maison bioclimatique d’Alyos et d’Energie + conjugue au plus que parfait l’art d’économiser l’énergie.
Les jeunes créateurs d’entreprises ont l’immense atout de pouvoir sans complexe puiser dans les idées de leurs aînés afin de les réunir et de donner naissance à des concepts que ces derniers cherchent, souvent en vain, depuis longtemps. C’est le cas de Michel Waller et Dusan Novakov, deux jeunes chefs d’entreprise suisso-alsaciens, dont la maison témoin concentre et réuni les pièces d’un magnifique puzzle énergétique. Leur pari initial était clair mais audacieux : élaborer une maison de moyenne gamme à un prix de revient industriel tout en la dotant des apports techniques suffisants afin que la consommation énergétique de son chauffage soit divisée par 10. La maison qu’ils ont bâtie à Kingersheim, dans le Haut-Rhin, vient aujourd’hui témoigner de la réussite de leur défi. Sa facture annuelle de chauffage (et de refroidissement l’été) s’élève à 100 euros pour 100 m2 contre 1000 en moyenne, à surface égale. Pour échapper aux coûts élevés du modèle artisanal, les deux entrepreneurs ont choisi l’option d’une construction pré-industrialisée dont les murs, dès l’origine, associent l’isolation thermique extérieure à la structure porteuse. La maison de Kingersheim bénéficie ainsi d’une véritable enveloppe isolante dont les normes dépassent largement celle de la RT 2000. Outre une isolation renforcée aux sols, murs et toitures, les deux chercheurs ont ensuite canalisé tous leurs efforts sur l’association et la mise en œuvre de différentes énergies gratuites. Leur succès est né de la combinaison intelligente entre cette isolation et ces différentes sources d’énergie. Curieusement, bien que cette maison n’ait pas de capteurs solaires, son chauffage provient néanmoins à hauteur de 40% de l’énergie solaire. En effet, un jardin d’hiver clos équipé de doubles vitrages et orienté sur la façade sud récupère suffisamment d’air chaud pour alimenter en grande partie le chauffage. L’air chaud est distribué par rayonnement à l’aide d’une ventilation forcée vers les étages puis vers la façade nord, avant de rejoindre le rez-de-chaussée. Pour parfaire le dispositif un petit plan d’eau renvoie vers la façade le rayonnement solaire rasant.
La chaleur du ciel et l’énergie du sol
C’est cependant la géothermie, autre énergie gratuite, qui assure le gros de la fourniture énergétique. Eté comme hiver, même par moins 15°, la température reste constante et positive en sous-sol à moins d’un mètre vingt de la surface. Autour de la maison, des capteurs enterrés reliés à une pompe à chaleur et dans lesquels circule de l’eau glycolée distribuent par rayonnement chaleur en hiver et fraîcheur en été. Un ballon de 200 litres placé sur ce même réseau assure également la fourniture d’eau sanitaire à bonne température. La forte inertie thermique du bâti permet donc à l’ensemble de l’habitat d’être chauffé par rayonnement. Pour amplifier la performance, les murs périphériques ont été conçus afin que leurs bases constituent également un apport énergétique. Ce système, par convection naturelle, réchauffe l’air présent dans les vides des murs, notamment ceux de la liaison béton/polystyrène. Enfin, un puit canadien constitué de tubes enterrés à 1,60 m préchauffe de l’air neuf en hiver et le rafraîchit en été. Une ventilation WMC à double flux assure de son coté le renouvellement. L’ensemble est piloté par une centrale domotique Hager qui permet de réguler les flux et températures d’air et d’eau au doigt et à l’œil. Exemple du genre, la maison d’Alyos et d’Energie + se traduit en matière d’HQE par le mariage du meilleur pour le meilleur et le meilleur. Il ne lui reste désormais qu’à sortir du modèle pour enfin devenir un standard.
(Pour infos, www.alyos.fr)