La cathédrale rénovée de Créteil éclot dans une coque en bois
« Beaucoup avaient oublié qu'il y avait une cathédrale à Créteil », coincée près de l'embranchement de l'A86, explique Mgr Michel Santier. D'où la volonté de redonner à ce lieu de culte une visibilité perdue auprès de la population, en recréant une « structure plus accueillante, plus lumineuse, plus visible » capable d'exister dans une ville multiculturelle.
Confiée à l'AS. Architecture Studio, la rénovation de cette église a été engagée dans le respect de l’architecture de Charles Gustave Stoskopf, typique de l’ecclésiologie des années 1970. L’architecture initiale en béton, moderne et blanche est complétée par la rondeur du bois mis en scène dans une forme singulière.
« Un dialogue s’établit entre les deux écritures architecturales, différentes mais cohérentes dans leur géométrie. La silhouette de l’entrée originelle, à l’échelle humaine, se lie à la volumétrie monumentale du nouveau projet, concentrée sur la nef de la cathédrale », détaille Alain Bretagnolle, architecte associé d'AS.Architecture-Studio.
Un bâtiment signal
La forme de la nouvelle coupole reprend ainsi le tracé en plan du bâtiment d’origine dont le plafond, supporté par une structure tubulaire métallique, se situe à seulement 5m du sol. Deux coques en bois, représentant les mains jointes de Marie en prière, se rejoignent au-dessus de l’autel à plus de 20 m de hauteur.
A l'intérieur, des tribunes peuvent prendre place dans ce nouvel espace en bois, doublant la capacité d’accueil de la cathédrale. Suspendues au milieu de la cathédrale, elles créent un espace en tension, à la fois statique et dynamique par des jeux de lumière et de transparences provoquées par la géométrie des arcs de la structure. Le jour, les vitraux conçus par Udo Zembok, situés à la jonction des deux coques, donnent une lumière colorée au choeur, tandis que la nuit, les vitraux s’éclairent de l’intérieur.
L’autel et l’ambon sont conservés et les places assises sont réparties tout autour tel un hémicycle. Le clocher, détaché du bâtiment, à l’angle du parvis, ponctue l’entrée de la cathédrale par sa silhouette élancée qui fait signe dans la ville.
Cette complexité a été traitée, par les architectes et les ingénieurs, grâce à un travail approfondi sur un modeleur 3D dont ont été extraits à la fois le tracé générique de tous les éléments architecturaux et tous les détails critiques : arcs et structures des coques, habillages intérieurs, vitrail, ossatures et cadres préfabriqués de surtoiture.
Le bois pour des raisons techniques et symboliques
AS. Architecture-Studio a d'ailleurs fait le choix du bois pour résoudre les contraintes techniques d'un tel projet. En effet, la légèreté de ce matériau permet tout d'abord de diminuer les charges de structures pour optimiser les fondations. De plus, la souplesse géométrique permise par le lamellé-collé a permis de réaliser des arcs de structure sur mesure dont les rayons sont tous différents, tout en préservant la continuité de la structure sur toute la longueur.
L'utilisation du bois a également permis de limiter les nuisances de chantier sur un site occupé grâce à un montage à sec, tout en optimisant l'acoustique intérieur du bâtiment.
Mais il reste aussi une raison plus symbolique à l'utilisation du bois. Il représente à la fois un matériau humble, proche de l'esprit de l'Eglise, et une matière naturelle à l'aspect chaleureux. En d'autres termes, il symbolise le refus d’une dimension technologique au profit d’un visage à la fois intemporel et naturel...
Fiche techniqueLocalisation : Créteil (Val-de-Marne) |
C.T
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