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La carrière de Jean Nouvel ressemble à celle d'un grand réalisateur de cinéma.

Publié le 14 avril 2008

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On y retrouve une récurrence de certains thèmes explorés et un univers bien défini qui ne se laisse jamais cataloguer ou enfermer dans un genre ou dans un style. À l'image des grands réalisateurs de films, il a ce visage d'apparente froideur, l'expression d'un homme à la sensibilité extrême qui se tient en arrière pour mieux sentir, pour mieux analyser les choses. Il voulait être peintre, il a fini par s'inscrire à l'école d'architecture des Beaux-arts de Paris.
La carrière de Jean Nouvel ressemble à celle d'un grand réalisateur de cinéma.  - Batiweb
Jean Nouvel possède le don précieux de pouvoir décoder le monde dans lequel nous vivons et de réussir à nous en livrer une interprétation puissante et vivante, sous forme d'images contenues dans une architecture lumineuse et vivante, teintée d'une poésie rare. Mais il serait faux de dire que toutes ses créations sont géniales.

Comme tous les artistes, il tâtonne et parfois échoue. L'architecte a toutefois le mérite de chercher sans cesse, de remettre en question et, forcément, de provoquer des débats. Le public n'est pas toujours d'accord avec ses propositions, mais Jean Nouvel se questionne et avance au fil des ans dans ses jugements. Ne serait-ce que pour ça, la création du maître est remarquable.

Le jury du Pritzker 2008 reconnaît que l'architecture est un domaine parsemé d'embûches et que la carrière d'un architecte ne suit pas toujours un parcours linéaire. «Dans le cas de Jean Nouvel, nous admirons tout particulièrement l'esprit de ce parcours, une persistance, une imagination, une exubérance et par-dessus tout un désir sans cesse renouvelé de créer par l'expérience, a souligné le jury. De toutes les qualifications décrivant sa carrière, les plus pertinentes sont celles qui saluent son courage à rechercher des idées neuves et à remettre en question les conventions admises pour repousser toujours plus loin les limites de l'art.»

Tours sans fin

Jean Nouvel a imaginé et construit plus de 200 projets à l'échelle planétaire. Projeté sur la scène internationale avec l'Institut du monde arabe (1987), il a consolidé son succès avec l'Opéra de Lyon (1993), la Fondation Cartier des arts contemporains à Paris (1994), le Centre de culture et de congrès de Lucerne, en Suisse (2000), la tour Agbar à Barcelone (2005), l'extension du Musée Reina Sofia à Madrid (2006) et le Musée du Quai Branly à Paris (2006). Parmi les innombrables projets en construction ou en préparation, on peut citer le Symphony Hall de Copenhague, l'usine Ferrari à Modène, la station de train de Genève et le Louvre d'Abu Dhabi.

La planète entière semble lui faire confiance pour la conception d'édifices culturels à grande échelle, mais elle le sollicite aussi beaucoup pour les tours. Les Ateliers Jean Nouvel (AJN) en ont au moins une quinzaine en préparation ou en construction, de Milan à Singapour, de Doha, au Qatar, à Boulogne, en France. Toutes différentes, ces tours incarnent l'engouement de l'architecte pour une technologie de pointe et son désir d'estomper les limites entre le bâti et le ciel.

Qu'il s'agisse de projets culturels ou de tours, Jean Nouvel cherche toujours la meilleure mise en scène architecturale, capable de toucher au plus profond notre imaginaire. Cette théâtralité n'est pas le fruit du hasard. Nouvel a souvent comparé son rôle en tant qu'architecte à celui d'un réalisateur de films. Dans un entretien publié par El Croquis en 2002, il disait ceci: «Tout est théâtral. J'ai longtemps travaillé comme scénographe, même quand je faisais des logements sociaux... La scénographie, c'est la relation entre les objets et la matière que nous voulons présenter à la personne qui regarde. Dans les faits, dans chaque bâtiment, il existe un moyen d'offrir une vue à 360 degrés sur le paysage, comme à Lucerne. Cela ne me gêne pas qu'on utilise le terme "scénographie", du moment qu'on l'utilise à bon escient.»

Dans d'autres entretiens, il a souvent affirmé que l'architecture et le cinéma sont très proches. «L'architecture existe, comme le cinéma, dans une dimension de temps et de mouvement. On pense, on conçoit et on lit un bâtiment en termes de séquences. Ériger un bâtiment, c'est prévoir et rechercher des effets de contraste et de liaison attachés à la succession d'espaces qu'on traverse», explique-t-il. Ainsi, ses projets transforment les paysages au sein desquels ils sont construits, bien souvent pour devenir des manifestations urbaines majeures à part entière.

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