La Branche Architecture lance un fonds social pour aider les professionnels

Pouvez-vous raconter la genèse du fonds social de la Branche Architecture ?
Gilles Lefébure : Tout part d’une discussion que nous avons eue entre collèges patronaux et salariés dès 2015. Nous nous étions dit que c’était une bonne idée de créer un fonds social, afin d’aider les salariés dans des situations personnelles difficiles.
Un accord de création de ce fonds social a été négocié fin 2015 et étendu en juillet 2020 par la direction générale du Travail (DGT). Puis, l’État a mis en place le degré élevé de solidarité (DES) à partir de janvier 2021. Nous avons décidé garder ce fonds avec le DES, pour doubler nos capacités de répondre aux demandes sociales.
Comment sont financés le DES et le fonds social ?
Gilles Lefébure : Nous avons signé des accords avec Malakoff en fin d'année dernière et le fond est vraiment opérationnel depuis le 1er janvier 2025.
Le DES est collecté et géré par Malakoff, tandis que le fonds est prélevé par Malakoff à travers la cotisation santé et prévoyance [tous deux à un pourcentage de 2 %]. Sur le fonds social, il y a environ 6 millions d'euros de disponibles en fonds bloqué. Sur le DES, il doit y avoir 3 millions. Nous disposons donc d’un montant aux alentours de 8 millions, pour faire tourner ces aides sociales.
Cinq champs d’action sociale définis par la Branche Architecture
Cinq types d'aide sociale ont été developpés par la Branche Architecture, avec l’expertise de Malakoff, pour l'ensemble de ses professionnels – incluant les agences de paysagerie et d’architecture intérieure :
« La Branche Architecture couvre à peu près 9 000 agences pour environ 40 000 salariés. Nous répondons à 110 voire 120 demandes maximum », détaille Gilles Lefébure. Deux aides sont particulièrement demandées : l’aide à la parentalité et celle au suivi psychologique. |
Des chiffres statistiques vous ont-ils permis de définir ces aides ?
Gilles Lefébure : Pour l’heure, nous avons très peu d'informations statistiques sur difficultés sociales au sein de la branche professionnelle. Nous allons découvrir au fur et à mesure et gérer les aides selon l'ampleur des besoins. On peut rajouter ou supprimer certaines si elles ne sont pas nécessaires.
Certaines femmes architectes peuvent mettre en parenthèses en devenant parent. Est-ce que l’aide à la parentalité, est-ce que cela peut favoriser la féminisation du métier ?
Gilles Lefébure : Je ne peux pas vous dire avec certitude si ce sont plutôt des hommes ou plutôt des femmes qui font ces demandes au niveau du soutien scolaire et de la garde d'enfant. Ce qui est sûr, c'est que la demande vient de cellules familiales.
Est-ce que l’aide au soutien psychologique intervient dans une conjoncture compliquée ?
Gilles Lefébure : C'est vrai que c'est la deuxième aide la plus demandée. La conjoncture d'aujourd'hui est quand même très tendue et très difficile dans nos agences.
Il y a une augmentation de dépôt de bilan d'agences de plus de 30 %, par rapport à l'année dernière. Nous entendons beaucoup parler de licenciements dans à peu près toutes les tailles d'agences.
Évidemment, cela génère des situations de stress, voire de burn-out. Le soutien psy est problablement une action qui va se développer.
Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de Une : Branche Architecture/Agence Strike