La Biennale de Bordeaux conjugue environnement et légèreté
Oeuvres de l'architecte allemand Hans-Walter Müller, 72 ans, qui vit lui-même depuis 36 ans dans une maison gonflable en région parisienne, elles illustrent "une autre manière de construire", explique leur concepteur. "Cela ne vise pas à remplacer la construction en pierre mais c'est une façon de ne plus tenir compte de la pesanteur. La construction, traditionnellement, c'est l'accumulation de poids. Là, nous sommes dans une autre logique", souligne ce spécialiste de la mécanique des fluides en présentant sa bulle transparente qui, une fois dégonflée, tient dans moins d'un mètre cube.
A l'image de ce symbole gonflé, la Biennale, placée sous le thème du développement durable, est l'occasion d'interpeller sur la légèreté comme "prémices de la maison écologique", vision défendue par le commissaire général de l'événement, l'architecte Nicolas Michelin. "La maison de maçon, en pierre, est ancrée dans la tête des gens. Pour les gens, une maison légère, c'est une maison provisoire", reconnaît cet architecte-urbaniste, en pointe sur la question environnementale.
"Mais plus on est léger, plus on est économe. Si on met moins de pierre, moins de béton, moins d'acier, premièrement, on est a priori moins cher, et, deuxièmement, on est un peu plus écologiste en utilisant moins de ressources", estime celui qui est aussi directeur de l'école nationale supérieure d'architecture de Versailles.
L'architecte imagine ainsi des maisons hybrides, avec des parties en dur - bien isolées - et d'autres sous serre ou gonflables, autorisant des surfaces plus grandes tout en étant moins coûteuses et plus "écolo". Cette quête de légèreté n'est possible qu'à condition d'être accompagnée d'une réflexion sur la "notion de confort", admet néanmoins Nicolas Michelin, qui s'interroge: "Est-il légitime, quand il fait 38 degrés à l'extérieur, d'exiger d'avoir 20 degrés dans toute la maison?"
Cet avocat de l'"innovation" plaide plutôt le développement des systèmes d'inertie naturels avec des "maisons plus légères mais qui stockent le chaud et le froid, en dessous, dans la cave ou sous la terre, ou au dessus, au grenier".
Autant de pistes à découvrir lors d'une Biennale titrée "Alerte!": "Parce qu'il y a urgence à réagir dans notre façon de construire la ville, estime le commissaire général, mais aussi parce qu'il faut rester alerte, c'est-à-dire léger, vif et réactif."