L'immobilier britannique attire de plus en plus l'argent 'hallal'
Ces fonds, dits "hallal" car ils respectent la Charia, la loi coranique, interdisent d'investir dans l'alcool, les armes, le tabac, la pornographie, la viande de porc, le cinéma ou encore l'industrie du jeu et des paris.
Ils sont apparus au cours des années 1960 et, comme l'ensemble du secteur financier, se sont considérablement développés au cours des années 1990. Ils pèsent actuellement environ 200 milliards de dollars et leurs investissements sont orientés principalement vers l'Europe et l'immobilier.
"Au lendemain du 11 septembre 2001, il y a eu une fuite importante de capitaux originaires du Proche-Orient et d'autres pays islamiques, depuis les Etats-Unis vers l'Europe, l'Asie ou le Proche-Orient", affirme Ali Parsa, de la London South Bank University, dans une étude récente. Le Royaume-Uni arrive en réalité loin devant, où les investisseurs de Bahrein, du Koweit ou de Dubai achètent nombre d'usines et de bureaux, ainsi que des entrepôts, des commerces et des logements. Plus de 90% des 34 acteurs du secteur interrogés dans le cadre de l'étude ont indiqué avoir déjà investi au Royaume-Uni, contre seulement 62% au Proche-Orient et les pays du Golfe persique, 47% aux Etats-Unis et 38% en Asie du Sud-Est.
En Europe, le Royaume-Uni arrive loin devant l'Espagne (53%), l'Italie (41%), la France (30%) et l'Allemagne (25%). Plus à l'Est, la République tchèque, la Pologne et la Hongrie sont des pays où les gestionnaires de fonds islamiques disent vouloir investir.
D'un point de vue sectoriel, "l'immobilier a toujours été l'un des secteurs d'investissement favoris pour la finance islamique", rappelle Rachel Tan, de DTZ Corporate Finance, une société de conseil en immobilier. Ces placements ont l'avantage de s'apprécier sans cesse, mais sans contrevenir à la règle anti-usure.
Mde Tan a étudié les flux d'investissement du Proche-Orient dans l'immobilier européen depuis 1997: au total, 10 milliards de livres (14,5 milliards d'euros) ont été investis, dont 50% en provenance des fonds islamiques.
"De 3% en 1997, la part de marché des fonds islamiques dans l'ensemble des investissements étrangers réalisés dans l'immobilier européen est passée à 25%", affirme Rachel Tan, citant le Royaume-Uni, la France et les pays du Benelux comme destinations principales de l'argent investi. Plus généralement, le succès des produits financiers islamiques est allé croissant ces dernières années. Le Centre financier international de Dubai estime que ce marché devrait croître de 12 à 15% par an sur les dix prochaines années, et représenter entre 50 et 60% de l'épargne des musulmans sur la même période.
Outre les fonds d'investissement, la finance islamique est présente, depuis peu, dans la banque de détail. L'Islamic Bank of Britain a ouvert sa première agence à Londres en septembre dernier, sur Edgware Road. Elle en a depuis ouvert une deuxième, sur Whitechapel Road. Les habitants de ces quartiers, à forte implantation musulmane, peuvent y placer leur économies avec la garantie de respecter les principes de leur religion, ce que ne permettent pas les comptes d'épargne classiques.
Par Pierre PRATABUY