l'ex-usine à deuil, ou la naissance d'une nouvelle cité d'artistes
Implanté dans un quartier défavorisé, où le chômage avoisine les 17 %, le 104 porte sur ses épaules une responsabilité artistique évidente, mais aussi sociale. Comment ne pas devenir une bulle "branchée" à côté des tours des Orgues de Flandre et de la cité Curial, qui ressemblent à un morceau de banlieue ?
Recrutée par le 104 en tant que responsable de l'insertion et de la prévention, Eve Plenel laboure le terrain depuis deux ans, du conseil de quartier à la "fête de la propreté". Sur la trentaine d'agents d'accueil, une vingtaine de personnes sont issues d'un parcours d'insertion. L'ancien adjoint à la culture du 19e arrondissement Joël Houzet (PCF) s'est mobilisé pour que les associations culturelles trouvent leur place : un lieu jouxtant le 104 leur est dédié - le Cinq - qui accueillera les pratiques amateurs et louera des salles de répétition pour 2 euros de l'heure.
Le dernier défi est économique. Doté de 8 millions d'euros de subventions (Ville de Paris), le 104 devra trouver 4 millions d'euros de ressources propres : redevances des commerces qui s'implanteront début 2009 sur le site - café, restaurant, librairie, etc. -, location d'espaces (deux salles de spectacle, espace pour des défilés de mode), billetterie.
Salem, le patron de la brasserie voisine, au 7, rue Curial, est l'un des meilleurs alliés du 104. Il connaît bien "Fred et Robert" et remballe les grincheux qui s'épanchent à son bar sur les nuisances sonores que pourraient causer les saltimbanques. Il se réjouit à la perspective que "le 104 va valoriser le quartier" et s'apprête, après deux mois de travaux, à rouvrir son café qu'il a rebaptisé, on vous le donne en mille : Au Rendez-Vous du 104.