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L’avenir sombre du tourisme social

Publié le 23 août 2004

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L’humanisme à la française aurait-il du plomb dans l’aile ? Le village-vacances a permis à nos parents et à leurs enfants de goûter aux joies de la campagne dans le cadre des congés payés. Mais aujourd'hui, les milliers de villages autrefois sur-fréquentés sont désormais délaissés.
L’avenir sombre du tourisme social  - Batiweb
New York, aller-retour, pour une centaine d’euros, village vacances en Tunisie pour trois cents euros en demi pension, qui dit mieux ? On exagère à peine les chiffres. Le tourisme social, grande idée de l’après-guerre, en prend un grand coup dans la figure, car à l’heure même où le social est soi-disant partout, paradoxalement, cette forme de vacances tombe en désuétude. On aurait pu croire qu’avec deux millions de chômeurs, ce tourisme social renaîtrait de ses cendres. Il n’en est rien. Petit retour en arrière.

Au lendemain de la guerre, dans une France où la famille est aussi une communauté d’une grande cohérence culturelle, le progrès s’appelle congés payés et Sécurité sociale. On part peu en vacances (3 Français sur 10). Le tourisme social est une grande idée dont vont s‘emparer les organisations syndicales, les comités d’entreprise, les associations et les collectivités locales. Les « couches populaires » vont découvrir les joies de la campagne. On place des familles entières dans un autocar et en route vers la verdure où les attendent 240 000 lits répartis entre villages et maisons familiales. Les enfants sont pris en charge tandis que les parents prennent tranquilles le pastis les pieds en éventail. Tout cela est convivial, on ripaille entre collègues d’usine ou de bureau.

Quarante ans plus tard, le parc immobilier a vieilli et la campagne de Jacques Tati n’a plus les mêmes charmes. La société de consommation a engendré le tourisme de masse et on emprunte pour découvrir les rives exotiques autrefois reservées à une poignée de privilégiés.

Aujourd’hui, les vacances se font avec un guide du routard en poche. Les coupables sont montrés du doigt. Les caisses d’allocations familiales jusque-là comptables des vacances populaires des Français, se sont en effet massivement désengagées du système, empêchant du même coup la rénovation du parc immobilier. De surcroît, les demandes ne sont plus les mêmes. Certes, l’Etat a inventé depuis le chèque-vacances, mais son rôle, loin de pérenniser les villages collectifs de vacances a dopé les formules individuelles. Paradoxalement, ce ne sont d’ailleurs pas les classes les plus défavorisées qui en profitent le plus : 9 % chez les ouvriers, 1 % chez les chômeurs, 34 % chez les employés et 20 % chez les cadres moyens. Surprenant.

En attendant, des centaines de bâtiments, côtiers et ruraux, sont désormais fermés toute l’année. Un parc qui, avec un peu d’imagination, pourrait encore faire des heureux. En effet, toujours selon les chiffres, plus de quinze millions de français ne partent jamais en vacances faute de moyens.

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