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L’âme d’Elvis expose son squelette à Marseille

Publié le 18 août 2004

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A Marseille, l’ancienne manufacture des tabacs de la Belle de mai abrite la représentation d’un squelette peu ordinaire. C’est celui de Graceland, la maison d’Elvis Presley, reproduite par le plasticien Alexandre Périgot. Une œuvre avec laquelle l’artiste veut démystifier l’univers des stars.
L’âme d’Elvis expose son squelette à Marseille - Batiweb
Alexandre Périgot n’en est pas à son coup d’essai. Après “Maison témoin, la maison de Dalida” présentée au Centre Georges Pompidou dans le cadre de l’exposition “Au delà du spectacle”, l’artiste plasticien propose à La Friche la Belle de Mai à Marseille, la «Maison témoin, la maison d’Elvis».

Sur l’esplanade encadrée par la Cartonnerie, l’échafaudage d’acier de 150m2 au sol et de 9m de haut ne dépare pas dans le décor des friches industrielles qui, depuis 10 ans, forment le décor du quartier.

L’œuvre apparaît dans le paysage urbain, sans aucun autre rôle que ce qu’elle donne à voir, sorte d’immense squelette où se devinent, comme s’ils venaient d’être enlevés, les matériaux qui l’habillaient. La maison d’Elvis, modèle à l’échelle 1 de l’originale de Memphis (USA), est juste posée là, vidée de son contenu, ne laissant apparaître que les lignes de forces.

L’architecture de métal reprend à son compte l’idée de l’hypothétique représentation par le jeu de la reconstitution mentale du modèle. On peut cependant la visiter, la pénétrer ou encore en faire le tour. La Graceland d’Alexandre Périgot est un avertisseur, une alerte face aux tentatives d’instrumentalisation de la culture par une société de loisirs omniprésente.

Et le but est atteint car les 15 tonnes d’acier de cette construction démesurée font référence. Dans le vide des tubes le miracle se produit. Instantanément c’est l’image du King qui vient à l’esprit. Sans résistance, au-delà de l’échafaudage, l’imaginaire trouve son chemin et c’est l’homme de Memphis avec son univers spectacle qui s’impose.

Alexandre Périgot aime exposer ce que l’on ne veut pas voir, ce que l’on ne veut pas montrer, la petite cuisine de l’illusion, les raccourcis du scénario, le moment où l’illusion est démasquée. Il produit le spectacle et son œuvre, et l’œuvre aura lieu ou pas si besoin.

Si elle a lieu, elle prendra la forme littérale du spectacle. Elle la déplacera juste un peu pour offrir une version qui en expose les conditions d’existence autant que les aspérités. La maison témoin, maison d’Elvis s’inscrit dans cette démarche. Elle démasque l’illusion mais, par un effet boomerang, renvoie l’esprit vers le spectacle. Rencontre avec les dessous de l’illusion de la célébrité ou avec la réalité de son spectacle. Chacun peut, suivant ses penchants et son imaginaire, prendre la route qu’il souhaite.

Pour l’échafaudeur Entrepose et l’entreprise Sextant et Plus, chargée de sa mise en œuvre, la maison d’Elvis est sans doute l’un des échafaudages les plus originaux qu’il leur ait été donné d’installer. Une œuvre étonnante qui sous la patte d’Alexandre Parigot affiche en tout cas avec force la vivacité de l’âme d’Elvis. Une âme à qui il suffit d’un échaudage, certes très sophistiqué, pour ressusciter…

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