Première usine de ce type dans le monde l’usine marémotrice de la Rance était à son époque un défi technologique, et une leçon d’ingéniosité des français au reste du monde.
Inaugurée en 1966, l’usine marémotrice de la Rance reçoit quelques 300 000 visiteurs par an. Rien de plus normal que cette curiosité, l’usine de la Rance est, en effet, la première usine marémotrice mise en service dans le monde, la première à utiliser la force du flux et du reflux tout comme le faisaient les vieux moulins maritimes, en Bretagne, dès le XIIème siècle… Située entre la pointe de la Brebis et la pointe de Briantais à 2 km en amont de Saint-Malo, cette centrale électrique bénéficie, lors sa construction, d’un étranglement de 700 m de large et de la présence d’un petit îlot rocheux entre les deux rives. Un sol en faible déclivité, des marées fortes et une zone encaissée pour protéger le site des intempéries… Autant de facteurs qui rendent alors l’estuaire de la Rance propice à l’installation de la centrale. Les travaux de l’usine durent six ans. Aujourd’hui, l’usine marémotrice de la Rance occupe les deux rives. Elle comprend : à l’Est, un barrage de six vannes, un lac de retenue qui s’étend sur plus de 20 km2 et contient près de 200 millions de mètres cubes d’eau et, sur l’autre rive à l’Ouest, une usine de 24 vannes, une digue morte de 120 m de long et une écluse de 72 m x 13 m. L’ouvrage n’excède jamais plus d’1,5 m les plus hautes eaux et un bandeau de 2,70 m couronne le tout. Il sert de garde-fou à un passage piétons. Une route à deux voies surplombe l’ensemble, évitant ainsi un détour de plus de 40 km. Si 85 % de l’énergie est obtenue par le circuit bassin/mer, un système de pompage permet également la production d’électricité durant les heures creuses. Cette production en continu repose sur une grande nouveauté : des groupes de « bulbes » qui permettent de turbiner aussi bien lorsque la mer se retire qu’à marée montante. Les concepteurs de l’usine ont parié sur l’utilisation de la force de quatre raz de marée tous les jours. Rien de commun avec un barrage classique dont les vannes ne sont ouvertes que quelques jours par an. Pour résister à ces agressions, les enduits et peintures sont vinyliques, les pales des roues des vannes en bronze d’aluminium et en acier inoxydable et les ciments contiennent 70 % de ciment laitier. Ces choix ont été pris après élimination des sables contenant trop de coquillages et des bétons gâchés par l’eau douce. Lors de sa construction, les entreprises ont travaillé successivement à l’intérieur des trois enceintes asséchées. Elles ont commencé par l’écluse et le barrage pour ne pas interrompre la circulation maritime et assurer la continuité de l’ensemble. Un an après son inauguration, l’usine tournait déjà à son plein régime. Quant aux recherches et innovations qui lui ont donné le jour, elles serviront de modèles pendant les 40 ans qui suivirent…