En Normandie, l’édition entre en religion
C’est alors que le président de la région Basse-Normandie, René Garrec, fait une proposition difficile à refuser : il dispose de kilomètres de rayonnage dans les sous-sols d’une ancienne abbaye gothique désaffectée et en mauvais état, l’abbaye d’Ardenne aux abords de Caen, non loin du Mémorial pour la paix. Après les bombardements de 1944, il ne reste plus grand-chose de la splendeur passée du bâtiment. Il faudra attendre 1990 avant qu’il ne soit classé aux Monuments Historiques et racheté par le conseil régional. Mais quoi faire de ces bâtiments en si mauvais état ? Dans un premier temps, une résidence pour étudiants étrangers est installée dans l’ancienne boulangerie-farinerie, pendant que l’architecte en chef des Monuments Historiques, Bruno Decaris, se charge de réaménager les espaces du réfectoire.
En 1995, la région cherche un locataire prestigieux pour faire revivre l’ensemble des bâtiments. C’est là qu’intervient l’IMEC : dès 1996 le conseil régional vote le budget pour la transformation du lieu de culte en lieu de culture. En 2000, après une série de commissions, d’appels d’offres et de formalités administratives, les travaux débutent, toujours sous la direction de Bruno Decaris. Quatre ans et 30 M€ plus tard (dont 12M€ du Ministère de la culture, le reste de la région et quelques fonds européens), l’abbaye est enfin prête à accueillir les archives (grâce notamment à 20 Km de rayonnages dont 15 sont déjà remplis !) et les chercheurs qui disposeront d’une structure d’accueil de première classe.
L’abbatiale, désormais dotée de voûtes, devient une bibliothèque avec 80.000 livres en libre accès. La bibliothèque sera reliée par un passage souterrain aux 20 Km de rayonnages enterrés. Une salle de conférences et de concerts avec 150 places ainsi qu’une salle d’expositions temporaires viendront compléter l’ensemble. Des logements supplémentaires ainsi qu’un restaurant sont à l’étude. Le tout sera inauguré par le Premier Ministre, Jean Pierre Raffarin, le 13 février. Mais si en 16 ans l’IMEC a rempli près de 15 Km de rayonnages avec ses archives, il faudra bientôt penser à faire plus de place ! Nettement moins chanceuse, l’imprimerie Nationale est toujours à la recherche d’un abri pour loger son patrimoine après la vente de son immeuble du 15ème arrondissement de Paris. Il faut dire qu’au bas mot, son patrimoine multi centenaire réclame au minimum 25 000 m2. Avis au abbayes, châteaux et autres monastères…