Un climat pesant s’est installé entre les élus de Strasbourg et ceux de la ville allemande de Kehl. Motif : une passerelle censée symboliser une entente radieuse
La ville de Strasbourg et sa voisine allemande Kehl, de l’autre côté du Rhin, avaient décidé, pour le passage à l’an 2000, de sceller le millénaire naissant par la construction d’une passerelle qui marquerait l’amitié entre les deux peuples et favoriserait le passage des transfrontaliers. Tout un symbole donc. L’architecte français François Mimram remporte le concours d’architecture et la ville de Kehl est maître d’ouvrage. La Communauté urbaine de Strasbourg (CUS) finance le projet à hauteur de 59 %. Vu sous un autre angle, d’un côté nous avons une communauté urbaine de 450 000 habitants, de l’autre une petite ville de 33 000 habitants. Le montant des travaux est alors estimé à 12,2 millions d’euros. Tout le monde semble d’accord. Passons sur les aléas que suscite un tel projet qui fait que le 30 novembre 2001, il est une première fois réévalué puis déplacé de 300 mètres et qu’enfin son coût soit ramené à 11,3 millions d’euros. Cette fois-ci, tout le monde est d’accord et les travaux commencent. Preuve de bonne volonté, en 2002, la CUS, confirme son engagement en dépit d’un surcoût qui entraîne l’enveloppe à 16,2 millions d’euros. À ce stade, l’affaire commence toutefois à sentir le roussi d’autant qu’une augmentation supplémentaire de 4,1 millions d’euros fait son apparition. Pour le major allemand de la construction Bilfinger Berger, cette augmentation est banale. Elle s’inscrit dans la logique des marchés qui sont révisables comme c’est souvent le cas en Allemagne. Sauf qu’ici, c’est la communauté urbaine de Strasbourg qui paie l’essentiel de la facture, et qu’elle a décidé de stopper net, le 12 septembre 2003, le paiement des factures. Depuis, on nage dans le flou pour arriver à se mettre définitivement d’accord sur un coût vrai et non aléatoire. Mais en Alsace, on arrête pas une équipe qui construit. Aussi pendant ce temps, les travaux continuent et le chantier bat son plein.