Deux architectes des territoires difficiles récompensés
C'est dans le contexte de la reconversion des bâtiments et sites industriels désaffectés que Bernard Reichen et son associé Philippe Robert ont créé en 1973 une agence qui est intervenue sur divers sites (grands ensembles à Metz, usine Lablan à Lille, grande halle de la Villette à Paris). "Je suis passé du début de la désindustrialisation, il y a trente ans, des territoires industriels libérés et des premières délocalisations, qui n'annonçaient pas encore le séisme actuel, aux transformations de la société post-industrielle", a indiqué à l'AFP Bernard Reichen.
"La ville est aujourd'hui dominée par la question de la mobilité (les transports), il y a d'autres formes de relation entre les gens", indique-t-il. "L'enfermement des grands ensembles", "l'effondrement de l'emploi et la paupérisation" expliquent l'explosion actuelle. Le travail de l'architecte-urbaniste consiste à "rouvrir ces territoire en créant de nouvelles mobilités notamment avec le tramway (par exemple à Caen, Nancy, Douai)" et "en retissant des liens entre les quartiers autrement que par l'automobile".
Alvaro Siza, 72 ans, le plus célèbre des architectes portugais, est l'auteur notamment du Musée d'art moderne et de l'Université de Saint-Jacques de Compostelle (nord de l'Espagne) et a reconstruit le Chiado, quartier de Lisbonne dévasté par un incendie. Il est connu en Europe pour ses interventions à Porto, Berlin, la Haye, et Montreuil en banlieue parisienne.
Ce lauréat du Pritzker Price 1992 (le prix Nobel de l'architecture) est l'urbaniste en chef de la restructuration du centre ville de Montreuil où il préconise "un urbanisme du sensible". "Ni tabula rasa ni maquillage, mais intervention fine dans le respect de la ville ancienne, telle est son approche", explique Dominique Coulon, qui reconstruit le Théâtre de Montreuil dans ce contexte.
Un centre commercial disgracieux et omniprésent a été démoli, des petites maisons préservées, des logements sociaux reconstruits à une échelle compatible avec l'existant, deux tours maintenues mais reconnectées à une vraie rue, trois places publiques créées. Le Grand Prix de l'Urbanisme, créé en 1989 pour distinguer chaque année une personnalité reconnue par ses pairs, est conçu aussi comme une occasion de débattre des questions urbaines. En 2004, il a été décerné à l'architecte français Christian de Portzamparc et le Prix spécial à l'urbaniste italien Bernardo Secchi.