Décès de l'architecte Claude Parent, théoricien des cités obliques
Claude Parent est décédé au lendemain de son anniversaire, ce samedi, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) où il était né en 1923, a précisé sa famille. Arrivé à l'âge de 93 ans, il laisse derrière lui plusieurs œuvres majeures d'architecture et une vision originale de l'art d'habiter.
« Claude Parent est l'architecte qui, dès les années 60, a donné une autre vision de l'architecture française, vision orientée vers le futur et vers l'art, dans une direction diamétralement opposée à celle de Le Corbusier », a souligné Jean Nouvel qui fût son élève.
« Immense dessinateur, en véritable Piranèse de ce siècle, il nous laisse des centaines d'images poétiques et utopiques », a-t-il rappelé dans un communiqué.
Parmi les projets représentatifs de ce concept de « fonction oblique », figurent l'église Sainte-Bernadette à Nevers (1963-1966), le complexe culturel de Charleville (1965), les centres commerciaux de Reims-Tinqueux (1969) et de Sens (1970).
Homme libre et audacieux
Suite à l'annonce de son décès, la ministre de la Culture, Audrey Azoulay, a salué en Claude Parent « un homme libre et audacieux », qui a « provoqué le débat, la controverse parfois, l'intérêt toujours ».
« Remarquable pédagogue, homme de passion rayonnant, il a formé et inspiré quelques-uns des plus grands architectes d'aujourd'hui », souligne-t-elle dans un communiqué. « Claude Parent était un grand architecte, un novateur, un esprit en mouvement. Un penseur en actes qui lisait autrement l'espace de nos vies », ajoute-t-elle.
Après des études de mathématiques, Claude Parent a fréquenté pendant dix ans l'atelier de Noël Le Maresquier aux Beaux-Arts de Toulouse, avant d'effectuer des stages à Paris, dans de nombreux ateliers, notamment ceux de Jean Trouvelot et de Charles Le Corbusier.
Architecte dès 1955 à Neuilly, membre de l'Académie d'architecture, il conçoit en 1962 (avec André Bloc et les architectes iraniens Foroughi et Ghiai) la Maison de l'Iran à la Cité Universitaire de Paris.
Ce dessinateur passionné et virtuose réalise ensuite des ensembles commerciaux et socio-culturels (à Sens, Reims, Nevers), des immeubles de bureaux à Lyon, des collèges et lycées à Prague, tout en travaillant dans le domaine de l'architecture nucléaire (centrales de Cattenom et de Chooz).
Claude Parent a également réalisé le Théâtre Silvia Monfort à Paris et l'Hôtel de région à Marseille.
Exposition à la galerie Azzedine Alaïa
Ce théoricien est l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Vivre à l'oblique » (1970), « L'Architecture et le nucléaire » (1978), les « Maisons de l'atome » (1983), « Cuits et archicuits » (2003).
Grand Prix national d'Architecture en 1979, il avait été élu en 2005 membre de l'Académie des Beaux-Arts au fauteuil précédemment occupé par Jean Balladur.
L'oeuvre de Claude Parent a été célébrée à plusieurs reprises, notamment à la Cité de l'Architecture (2010) et à la Biennale de Venise (2014) à l'invitation de l'architecte hollandais Rem Koolhaas.
Depuis le 14 janvier, la galerie Azzedine Alaïa à Paris expose plusieurs projets de musées non réalisés de Claude Parent et Jean Nouvel. L'exposition, qui devait s'achever ce dimanche, a été prolongée jusqu'à mercredi.
Pour cette exposition, Claude Parent a revisité sa proposition pour le concours du Centre Pompidou, sorte de tumulus creux recouvert d'une forêt. Etaient également présentés un musée oblique (1972), une scénographie oblique (2015) et son tout récent et radical « Nouveau Musée ».
C.T (avec AFP)
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