De Moscou à Pékin, le grand ballottage des expulsés
Le problème a pris des proportions suffisantes pour que le premier ministre Wen Jiabao lui-même s'en mêle. En effet, les dérapages de ce type, dans un pays de 1,5 milliard d'habitants, peuvent prendre des proportions considérables. Outre la surchauffe de l'économie et la multiplication des projets non rentables, c'est la production céréalière qui risque carrément de disparaître à la périphérie des villes, laissant la place à des mégalopoles anarchiques et jetant sur les routes des populations complètement désoeuvrées.
La Russie de son coté fait le chemin inverse. La Douma, chambre basse du Parlement russe, a en effet voté jeudi en première lecture un nouveau Code de l'immobilier qui doit mettre fin au système soviétique de distribution gratuite pour tous d'un logement d'Etat et en limiter l'octroi aux seules catégories les plus défavorisées. Le nouveau Code doit remplacer celui qui fonctionnait depuis 1983 et permettait théoriquement à tout citoyen de se voir octroyer gratuitement un logement. Là aussi le problème fait bouger les foules car cette décision est loin d'être attendue par la population. Selon le ministre de l'Industrie Viktor Khristenko, actuellement plus de 4,5 millions de familles attendent entre 15 et 20 ans pour obtenir un appartement octroyé par l'Etat et plus de 14 millions de familles russes vivent dans des immeubles vétustes ou insalubres. Entre celles qui attendent un logement et celles qui vont en être expulsées la situation risque fort de virer au rouge.
L'affaire est paradoxale, car en effet, si l'on freine l'expulsion en Chine, on la met en oeuvre en Russie. En tout état de cause à Moscou comme à Pékin, les expulsions massives ont de quoi faire regretter à plus d'un Russe ou d'un Chinois les belles heures du communisme.