Compte à rebourd pour la Cité de l'Architecture et du Patrimoine
A terme, ce plus grand centre d'architecture au monde réunira en son sein trois départements: le musée des Monuments français -dont l'origine remonte au XIXe siècle-, l'Institut français d'architecture (IFA) pour l'architecture contemporaine et l'Ecole de Chaillot qui forme les architectes du patrimoine.
Regrouper ces trois pôles n'a pas été de tout repos.
Un premier projet, élaboré en 1994, prévoyait un "Centre national du patrimoine" -mais pas d'architecture- déployé autour du musée des Monuments Français, exceptionnelle collection de moulages et de peintures reproduisant grandeur nature les chefs-d'oeuvre de notre histoire patrimoniale. Ce musée de sculpture comparée voulu par Viollet-le-Duc au XIXe, permet aujourd'hui d'admirer en un seul lieu des jubés ou tympans d'églises romanes, gothiques ou renaissantes, saisis dans leur moulage avant d'avoir subi les outrages du temps. Un musée qui, malgré son intérêt -la récente exposition d'une partie de ses oeuvres à la Conciergerie, "Le dévoilement de la couleur", a réuni plus de 70.000 visiteurs- fait ricaner les tenants d'une architecture exclusivement contemporaine.
Mais, en 1997, un incendie endommage gravement le bâtiment, qui ferme. Jean-Louis Cohen, directeur de l'IFA, historien de l'architecture, élabore l'année suivante le projet de la "Cité de l'architecture et du patrimoine" qui, traversant l'histoire de toutes les architectures, doit ouvrir en 2003.
Un calendrier optimiste puisque c'est précisément en 2003 que démarrent les travaux. La création de l'établissement public "Cité de l'architecture et du patrimoine" intervient en 2004, tout comme la désignation à sa présidence de François de Mazières, inspecteur des finances, qui se passionne pour le projet.
Sensible à l'architecture du bâtiment, à ses amples courbes, il parvient à arrêter à temps les contresens qu'auraient constitué certains cloisonnements prévus, la construction d'un escalier heurtant une perspective, ou l'aménagement d'une mezzanine qui obèrerait l'éclairage zénithal.
Deux équipes d'architectes se partagent le chantier: à Jean François Bodin, maître d'oeuvre général de l'opération, le redéploiement des collections du musée des Monuments français, à l'équipe barcelonaise GAO idees i projectes l'aménagement de la galerie moderne et contemporaine.
La Cité ouvrira ses portes en deux étapes.
En janvier 2006 sera inauguré le pavillon d'about (à l'est) regroupant: les services de l'IFA, le Centre des hautes études de Chaillot, et un auditorium-salle de projection, dont l'espace est récupéré sur l'ancienne cinémathèque.
Début 2007, les galeries d'exposition permanente (moulages, peintures murales, architecture moderne et contemporaine) se déploieront sur 8.000 m2, les galeries d'expositions temporaires sur 3.000 m2. On trouvera aussi une galerie d'actualité et une bibliothèque d'architecture.
Malgré ses avatars, la Cité de l'architecture et du patrimoine est restée, selon François de Mazières, dans les limites de son budget fixé à 60 millions d'euros.