ConnexionS'abonner
Fermer

Armistice autour d'un trou dans un barrage

Publié le 07 octobre 2002

Partager : 

A Tanneron (06), le remake version moderne, de Manon des sources de Pagnol se solde par un trou dans les fondations d'un barrage. Un conflit autour de l'eau avec dénouement sur fond de mission impossible.
Armistice autour d'un trou dans un barrage - Batiweb
Les conflits autour de l'approvisionnement en eau ne sont pas l'apanage des pays en voie de développement. Depuis de nombreuses années le Var et les Alpes-Maritimes s'étaient engagés l'un contre l'autre dans une guérilla de décrets portant sur la répartition de l'eau retenue dans le barrage de Tanneron. Cette retenue artificielle, frontalière des deux départements privilégiait largement en eau potable le Var. Son voisin, les Alpes-Maritimes à qui l'eau faisait régulièrement défaut, lorgnait depuis longtemps sur cette retenue, imaginant qu'une simple dérivation serait suffisante pour alimenter l'une des usines de traitement située à proximité sur son territoire. C'est à l'issue d'un combat homérique que le syndicat intercommunal local, le Sicasil, à mis d'accord les deux protagonistes. La solution technique s'est cependant traduite par des travaux aussi originaux que difficiles. En effet, pour permettre au département des Alpes Maritimes de bénéficier des 10 millions de m3/an qui lui sont nécessaires, il à fallut creuser dans les fondations même du barrage une galerie d'approvisionnement.

Une opération dangereuse
Une opération aussi dangereuse que délicate, jamais tentée jusqu'à ce jour. Pour creuser ce boyau de 20 mètres dans lequel sera glissée une canalisation en acier de 1200 mm de diamètre, les ouvriers de la Lyonnaise des eaux, de GTM, de Fora et d'Hydrokarst ont du travailler sous cloches comme des scaphandriers. Une tâche rendue particulièrement difficile, au sein d'une atmosphère artificielle, saturée de chaleur et de poussière. Dans cette cloche de béton posé contre la paroi du barrage, à 10 mètres de profondeur, les mouvements devaient être aussi précis que limités. A la moindre fausse manœuvre, dans le piège de la cloche, la sortie aurait été impossible face à la pression meurtrière de l'eau . Le forage avait lieu, en outre, dans la tension d'une auscultation permanente de l'ouvrage. Pour les ingénieurs, les calculs les plus justes n'excluaient pas la prudence, en particulier dans une région ou la rupture du barrage de Malpasset encore dans les esprits de funeste mémoire. Aujourd'hui, les hommes du chantier voient, et c'est le cas de le dire, le bout du tunnel. Dans quelques mois, 660 litres d'eau sortiront chaque seconde de la canalisation pour rejoindre l'usine de traitement d'Apié. Le courage des hommes du chantier se soldera par la fin de la guerre de l'eau et par un cadeau de 52 000 m3 d'eau potable offerts aux habitants des Alpes-Maritimes..

bloqueur de pub détecté sur votre navigateur

Les articles et les contenus de Batiweb sont rédigés par des journalistes et rédacteurs spécialisés. La publicité est une source de revenus essentielle pour nous permettre de vous proposer du contenu de qualité et accessible gratuitement. Merci pour votre compréhension.