Andrea Branzi, structures hybrides et conception singulière de l'urbanisme
Transparence et modernité
Les deux installations, préalablement conçues pour la Fondation Cartier, à Paris, structurent également la visite en Belgique. La première est une mystérieuse ellipse, élaborée à partir de techniques proches de celles employées dans l'artisanat. "Avec le verre et le métal, il entrelace différents matériaux - plantes, arbres, chanvre - et crée une structure hybride mariant le naturel et l'artificiel", explique Léanne Sacramone, le conservateur en charge de l'exposition. A l'intérieur de cette ellipse, trois sièges de la série "Domestic Animals" de 1985 ont été disposés. Associant éléments de menuiserie industrielle et bois de bouleau brut, ce mobilier fait écho à "la nature duelle de la structure".
Autour de cette ellipse, une toile réalisée en tissage constitue une paroi légère et perméable. "Loin d'une vision de l'architecture envisagée comme un système de modules fermés, ce travail exprime les idées de transparence et de pénétrabilité", précise Léanne Sacramone. Apparemment dépourvue de fonction définie, l'ellipse soulève de nombreuses questions : s'agit-il d'un habitat collectif, d'un jardin clos, d'un simple treillis ? "De par son double statut de sculpture et de construction, elle se trouve à la frontière entre architecture et design. Illustrant l'idée de système ‘ouvert', l'ellipse se prête à tous les possibles imaginables par l'esprit".
Sensualité et géométrie minimaliste
La deuxième installation tout aussi énigmatique, est baptisée "gazebo" ou "belvédère". "Structurée comme un pavillon, l'installation est dotée d'éléments décoratifs élaborés. Ses parois en fines barres d'acier sont rehaussées d'un galon en métal tressé et de formes organiques en verre aux nuances colorées, qui confèrent une certaine sensualité à cette structure géométrique minimaliste", ajoute la Fondation Cartier. Et à l'intérieur de ce belvédère, un "vertical home" sert à la fois de lit, d'étagère ou de plan de travail, transformant ainsi l'installation en un "espace de vie imaginaire".
A la fois naturelle et artificielle, et avant tout transparente, cette structure, comme celle de l'ellipse, fait éclater la fonction auparavant prédéfinie des lieux : "Andrea Branzi refuse l'idée d'une seule fonction par bâtiment car elle pousserait à considérer la ville comme un grand ensemble alors que, lui, privilégie le détail", souligne Léanne Sacramone. C'est également dans ce but que l'artiste use de la transparence dans ses matières. Mêlant le dedans au dehors, Branzi offre un nouveau regard sur l'espace, selon lui plus à même d'exprimer la réalité contemporaine