Abou Dhabi se taille discrètement une place de choix aux côtés de Dubaï
"Les changements introduits à Abou Dhabi sont surprenants et nous n'en sommes qu'au début", déclare le directeur exécutif de la compagnie Amlak Finance, détenue par le groupe immobilier Emaar de Dubaï. "Abou Dhabi aujourd'hui ressemble à Dubaï en 2002", estime Mohamed al-Hachémi indiquant implicitemment la capacité de la capitale à rattraper Dubaï. "Des capitaux estimés à 300 milliards de dollars seront investis dans l'immobilier et le tourisme d'ici 2013, précise M. Hachémi affirmant qu'"il y a une place pour Abou Dhabi aux côtés de Dubaï". Le Libanais Jamil Selwane, résident à Abou Dhabi depuis 22 ans, affirme que "la ville était, et est restée, une capitale calme, mais nous sentons qu'elle va changer", ajoute-t-il.
Dubaï est devenue un centre régional pour les affaires et le tourisme. Cet essor s'est accompagné notamment d'une inflation des loyers. "Le développement d'Abou Dhabi nécessite de larges réformes législatives, dont certaines ont déjà été adoptées et les autres en cours de finalisation", selon un membre du conseil d'administration de la compagnie Towers and Hamlins, Edward Rose.
"Les plus importantes réformes adoptées se rapportent à l'immobilier et au principe du partenariat entre les secteurs privé et public", explique-t-il. La mesure la plus efficace pour attirer les investissements locaux et étrangers à Abou Dhabi, a été d'"autoriser les citoyens des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) à devenir propriétaires de terrains et de bâtiments et les citoyens d'autres pays à acheter des bâtiments pour 99 ans", estime M. Rose. La propriété de terrains et de bâtiments était jusque là interdite aux étrangers.
Ces nouveaux droits sont cependant limitées à certains projets immobiliers situés aux confins de la ville et dans les îles côtières. L'Administration touristique d'Abou Dhabi, dépendant de l'Etat, a été chargée de donner les licences aux nouvelles sociétés touristiques et hôtellières en prévision de l'augmentation du nombre des touristes de 1,3 millions par an à trois millions en 2015.
Cette administration a été chargée aussi du développement touristique de l'île d'al-Saidiyat, proche des côtes d'Abou Dhabi. "Les autorités veulent qu'Abou Dhabi devienne une nouvelle destination touristique régionale, pour accompagner le fulgurant essor économique de la capitale", a déclaré le président de l'Administration touristique Moubarak Hamad al-Meheiri.
La compagnie nationale d'hôtellerie d'Abou Dhabi a annoncé récemment le lancement de deux projets d'une valeur de 1,5 milliards de dirhams (410 millions dollars): la station balnéaire "Al-Bawwaba", sur la route reliant Abou Dhabi à Dubaï et l'hôtel "Al-Khalij" sur la côte de la ville. Abou Dhabi produit 80% du pétrole des Emirats et réalise d'importants bénéfices avec la hausse du prix du brut. L'émirat a lancé un projet de modernisation de son aéroport d'un coût de 6,8 milliards dollars afin qu'il puisse accueillir 50 millions de voyageurs par an, selon le directeur du comité de supervision du projet, Richard Cardosi.
Abou Dhabi s'apprête aussi à accueillir une branche de la presitigeuse université parisienne de la Sorbonne.