A Sevran (93), une nouvelle cité-jardin veille au bien-être de ses habitants
« On assiste à un phénomène de ghettoïsation sociale et économique… Il faut donc repenser notre façon de construire et de restructurer l’urbain, afin d’attirer de nouveaux habitants et surtout des investisseurs », poursuit-il.
Le programme baptisé « Les Trois Hectares » répond en grande partie aux enjeux de renouvellement de l’habitat social. Conçu par le cabinet d’architecture Petitdidierprioux Architectes pour le compte du bailleur social BATIGERE, le projet consiste en une cité-jardin dans l’un des quartiers sevranais les plus touchés par les problèmes sociaux à savoir Montceleux-Pont Blanc.
Composé de 6 bâtiments en R+3 maximum, la cité-jardin de 82 logements sociaux (du T2 au T5) prend place en zone ANRU. Il est l’interface entre « deux ensembles urbains distincts : un quartier social marqué par la verticalité, héritage des années 1970 et les zones d’habitat pavillonnaire de Villepinte, commune limitrophe », commentent les architectes.
C’est d’ailleurs au sein « Des Trois Hectares » qu’une partie des habitants d’une tour voisine vouée à la démolition ont été relogés leur offrant ainsi l’opportunité de bénéficier d’une « grande qualité paysagère (…), d’un morceau de campagne en milieu urbain ».
Allier le bâti et la nature
Faible hauteur des constructions, absence de sous-sol, parkings aériens, recherche de multiples orientations pour les logements et d’espaces extérieurs en relation directe avec les jardins communs…« Les Trois Hectares » proposent une « forme urbaine singulière et traduisent le souci d’apaiser la ville en la réinscrivant dans un environnement végétal ».
Au centre du projet, deux clairières sont reliées aux halls d’entrée et séparées par un bassin de rétention recueillant les eaux pluviales des aires de parking et des toitures de bâtiments. Ces jardins intérieurs permettent différents usages : terrain de jeux ou encore lieu d’échanges et de partage...
L’objectif était « de retrouver le langage urbain de la convivialité, du rapport à la nature, de l’intérêt pour un espace public à la fois partagé et digne d’appropriation pour les nouveaux habitants », déclare l’agence Petitdidierprioux.
Cet avis, l’édile de la ville le partage car pour lui « la vie sociale se passe dans les espaces publics, c’est là où se crée le sentiment d’appartenance ».
Et le sentiment d’appartenance est particulièrement important dans cette ville où cohabitent 76 nationalités et où par conséquent « la question du rapport au sol, au territoire, façonne l’identité et constitue donc un préalable à l’accès à la citoyenneté. En ce sens, la cité-jardin peut aussi être une cité monde, interculturelle et éco-responsable » souligne le cabinet d’architectes.
65 arbres plantés agrémentent le paysage, de gros sujets datant de 7 ans représentant une grande variété d’essences (pins sylvestre, chêne vert, bouleaux de l’Himalaya, arbres de Judée et cerisiers de Sargent).
Un programme mixte et évolutif
Sur les façades des 6 bâtiments prédominent le bois et le béton afin de « créer du patrimoine et de suggérer un signal fort de la qualité architecturale et environnementale visée dans le futur ».4 des bâtiments se composent de 15 logements tandis que les deux autres en accueillent 11. Ils ont été disposés en « osselets » afin de les connecter à l’espace public tout en limitant le vis-à-vis ; chaque bâtiment dispose d’un espace extérieur et offre « des perspectives diverses ». Une double orientation et de grandes baies vitrées contribuent à la luminosité des logements.
En ce qui concerne l'accessibilité aux personnes à mobilité réduite, seuls les logements situés au rez-de-chaussée sont aptes à les accueillir : les bâtiments ne sont pas équipés d'ascenseurs afin de limiter les charges. « Placer un ascenseur dans un immeuble de 14 logements reviendrait bien trop cher aux locataires » nous expliquent les architectes.
Les façades des bâtiments intérieurs arborent des parements en bois « mélèze » thermotraîté tandis que les bâtiments extérieurs affichent des enduits mats terre-cuite se référant aux codes couleurs des enduits pavillonnaires alentours. Sur les toits, des panneaux photovoltaïques ont été installés et fournissent l'eau chaude sanitaire. Le chauffage collectif est au gaz.
Les entrées de voiture sont au nombre de 3. « On a pensé au confort immédiat. On ne souhaitait pas figer les bâtiments », expliquent Cédric Petitdidier et Vincent Prioux.
Enfin, la cité-jardin accueillera prochainement une pharmacie et une crèche. A terme, elle accueillera également un commerce de proximité.
« La ville de demain est faite de mixité de fonctions » commente M. Gatignon. « Ce projet en est l’exemple ».
Sevran, terre d’AvenirParmi les huit futurs pôles majeurs du Grand Paris, celui de l’Est et de la Seine-Saint-Denis regroupe les villes de Clichy, Montfermeil, Livry-Gargan, Sevran et Aulnay-Sous-Bois.A Sevran, deux gares du Grand Paris Express de la ligne 16 (Sevran-Beaudottes et Sevran-Ligny), interconnectées avec le RER B, viendront dynamiser le territoire dès 2023. La ville sera ainsi reliée aux principaux centres d’activités économiques et aéroportuaires de la Métropole. « Le territoire de Sevran est un territoire clé du Grand Paris » déclare le maire de la Ville. « Les futures gares du métro du Grand Paris ouvrent à une nouvelle perspective territoriale ». Sevran fait l’objet d’un vaste plan d’aménagement urbain. Le projet « Sevran, terre d’Avenir » développé par l’Agence LIN, s’inscrit dans le cadre du contrat de développement territorial Est Saint Denis. Il consiste en l’aménagement de 150 hectares dans la ville de Sevran répartis en trois pôles distincts. L'un des trois pôles correspond aux 35 hectares de la Plaine de Montceleux dont la cité-jardin « Les Trois Hectares » en est le premier maillon. |
R.C
Photo de une : ©Sergio Grazia