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A la recherche du père perdu, 'My Architecte' un film de Nathaniel Kahn

Publié le 11 octobre 2004

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Sortie en salles le 13 Octobre 2004, le film 'MY ARCHITECT' de Nathaniel Kahn combine élégamment une recherche documentaire pertinente, agrémentée d’investigations, à un scénario judicieux et un montage classique mais propre… Fils (caché) de l’architecte Louis Kahn – dont les œuvres ont marqué l’architecture du 20e siècle au même titre que celles de Le Corbusier – Nathaniel Kahn revient dans ce film sur les traces de cet homme qu’il n’a pas eu le temps de connaître (il n’avait que 11 ans lorsque son père est décédé) et de cet artiste aujourd’hui connu et reconnu.
A la recherche du père perdu, 'My Architecte' un film de Nathaniel Kahn - Batiweb
Que l’on connaisse ou pas Louis Kahn, que l’on soit féru d’architecture ou novice, on peut apprécier ce documentaire qui s’adresse à un public finalement très large. Le réalisateur a en effet su trouver un juste milieu entre la vie privée de Kahn et son œuvre architecturale. On se laisse ainsi porter par les recherches personnelles de Nathaniel, sur les traces de son père. Entre visites de ses bâtisses, retour sur les lieux de son enfance et rencontres avec les personnes – architectes, amis, femmes, maîtresses ou enfants – qui l’ont côtoyé, on découvre un homme à la fois mystique et mystérieux…

Louis Kahn partage avec Frank Lloyd Wright, Le Corbusier et Mies van des Rohe, une place centrale dans l’architecture du vingtième siècle. Né en 1901 sur l’île estonienne d’Osel, Kahn immigra à Philadelphie à l’âge de quatre ans. Sa famille y vécut dans la plus grande pauvreté. Très doué pour la musique et l’art, le jeune Kahn gagne sa vie en donnant des cours de dessin et en jouant du piano dans les salles de cinéma du muet. Lauréat d’une bourse pour l’Université de Pennsylvanie, il étudie sous la direction du grand Paul Cret, dans la meilleure tradition des Beaux-Arts, et obtient son diplôme d’architecture en 1924. Il épouse Esther Israeli en 1930. Dix ans plus tard, naît leur fille Sue Ann.

Au cours des années vingt et trente, Kahn lutte pour trouver son orientation esthétique et pour obtenir des commandes – tâche qu’il trouve laborieuse, à cause de sa position de Juif inconnu exerçant une profession alors réservée à des gentlemen protestants. On est, en outre, au coeur de la grande Dépression. En 1947, il accepte un poste de professeur d’architecture à l’université de Yale, commençant brillamment une carrière académique (d’abord à Yale puis à l’Université de Pennsylvanie) qu’il ne cessera d’exercer jusqu’à la fin de ses jours et grâce à laquelle il allait influencer toute une génération d’architectes. C’est au cours de cette période de frustration professionnelle, que Kahn amorce une relation extra maritale avec une jeune et brillante décoratrice, Anne Tyng (qui lui donne une deuxième fille, Alexandra, en 1954) et qu’il effectue une percée créative radicale. Durant un voyage, qui le conduit en Grèce, à Rome et en Egypte, Kahn comprend que ce qui manque fondamentalement à l’esthétique d’acier et de verre du modernisme est la monumentalité et le mystère qu’il découvre dans les ruines antiques.

Kahn a dépassé la cinquantaine et, avec un peu plus de vingt ans à vivre, il s’embarque dans une série fiévreuse de commandes qu’inaugure la Yale Art Gallery (1951-53) et l’établissement de bains de Trenton (1954-59) qui devaient changer durablement le cours de l’architecture contemporaine. Il élargit cette approche dans des constructions comme les Richards Medical Towers (1957-62), la First Unitarian Church (1959-69) et, finalement, son premier authentique chef-d’oeuvre, le Salk Institute for Biological Studies (1959-67). Kahn réalise la fusion d’une sagesse antique de l’humanisme et des techniques modernes de construction. Il préfère utiliser des matériaux simples – la brique et le béton – mais il les travaille avec une étonnante facilité, créant des espaces à la fois hautement fonctionnels et d’une grande élévation spirituelle. L’architecture devient, pour Kahn, une recherche de la vérité et ses immeubles des choses vivantes. Il avait coutume de dire, " Je demande à la brique : ‘ Qu’aimes-tu, brique ? ’ Et la brique répond : ‘ Je veux un arc. ’ "

Kahn est également obsédé par la lumière naturelle ; l’utilisation qu’il en fait n’a pas son pendant dans l’architecture moderne. Dans ses derniers ouvrages, comme la Exeter Library (1967-72), le Yale Center for British Art (1969-72) et le magnifique Kimbell Art Museum (1967-72) – considéré par beaucoup comme le plus beau musée construit au siècle dernier – la lumière s’impose comme le principe organisateur du plan et le caractère des espaces se modifie profondément selon les heures, le climat et les saisons. Les dix dernières années de la vie de Kahn furent aussi marquées par une attention grandissante au paysage et au site, intérêt qu’il partage avec l’architecte de jardins Harriet Pattison, qui travaille dans son cabinet et avec qui il a un fils, Nathaniel, né en 1962.

Toujours idéaliste, Kahn a du mal à respecter les exigences strictes de ses clients, les délais, les budgets et il lui arriva souvent de voir de considérables commandes atterrir chez des architectes moins importants que lui. Contrecarré dans son projet de réaménagement de sa ville natale de Philadelphie, Kahn consuma toute son énergie à ses deux plus importants projets : l’Indian Institute of Management d’Ahmedabad, en Inde (1962-1974) et le monumental Capital Complex de Dhaka, au Bengladesh, commencé en 1962 et terminé après sa mort. Et c’est dans le sub-continent que le rêve de Kahn, celui de créer une cité du futur, put se réaliser. Il n’est pas étonnant que les dirigeants musulmans du Bengladesh considèrent Kahn (juif Américain), non seulement comme l’architecte de la capitale du pays, mais aussi comme celui de leur démocratie naissante. C’est à son retour d’Inde que Louis Kahn subit une crise cardiaque fatale, dans les toilettes de la Pennsylvania Station, à New York, la nuit du 17 mars 1974. Il était au sommet de ses capacités créatives ; beaucoup de ses projets, dont une synagogue à Jérusalem et d’autres, tant aux Etats-Unis qu’en Europe, n’ont jamais été réalisés.

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