A Athènes, quand les jeux sont finis, les entreprises comptent leurs médailles
Ainsi, comme une trentaine d’autres entreprises petites ou moyennes de l’hexagone, la société Grégory International, basée à Saint Jory près de Toulouse a fait partie des vainqueurs d’Athènes 2004. Spécialisée dans les sols sportifs et les espaces verts, l’entreprise toulousaine assistée de plusieurs pme du BTP local a en effet réalisée pour les jeux les 300 000 m2 des sols des surfaces équestres. Dans la foulée, elle s’est également vue confier le stade de football Karaikaki où évolue le célèbre club Olympiakos. Au total, c’est en fait un marché de plus de 11 millions d’euros sur deux ans que l’entreprise a su glaner à Athènes.
Si les sols extérieurs furent l’œuvre de Grégori International ceux des terrains de hand-ball ou de tennis de table furent aussi très français car c’est à Gerflor qu’ils furent confiés. La palme de l’originalité est en revanche revenue à Hydrostadium, une filiale d’EDF chargée de réaliser la rivière artificielle des épreuves de canoës. La rivière, houleuse comme un torrent de montagne était dotée d’un tapis roulant qui en parallèle faisait remonter les canoës vers leur base de départ. C’est cependant l’entreprise franco-néerlandaise Atos et le tourangeau Bideau qui furent les plus en vue durant les jeux. La première était en effet chargée du pilotage de l’informatique des jeux. Vaste et délicate mission où les français eurent l’occasion, devant les japonais et les américains un peu septiques de faire la démonstration de leur parfaite maîtrise des technologies dans ce domaine. Quand à l’éclairagiste Pierre Bideau, créateur des illuminations des ponts de Lyon ou de la tour Eiffel, sa mise en lumière de la ville, notamment celle de l’acropole, a fait de lui un nouveau dieu de l’antique capitale.
Hors sous traitants, sur la trentaine d’entreprises hexagonales présentes, ce sont les pme qui en définitive ont tiré les meilleurs profits de l’évènement. Hormis Vinci pour le pont de Rion Antirion (771 M€) et le métro, la RATP à qui les grecs ont confié la gestion du RER tout neuf d’Athènes, et le traiteur Le Nôtre, les grandes structures de l'hexagone n’ont effectivement pas été les mieux servies. Alors que Thales se faisait rafler par l’américain Saic l’équipement des 70 000 agents de sécurité, les grands équipements comme les autoroutes ou l’aéroport sont allés dans le giron des Allemands et des Italiens. Seul le groupe nucléaire français Areva s’est vu attribué dans le cadre d’un consortium une enveloppe de consolation de 30,7 M€ afin d'assurer la distribution de l’électricité vers les sites olympiques.
Au final, si l’on fait exception des travaux confiés au groupe Vinci et à la RATP, la moisson française est aujourd’hui de l’ordre de 300 millions d’euros. Un chiffre notable mais qui s'avère modeste dans un investissement dont la facture finale sera sans doute de l’ordre de 5 à 6 milliards d’euros. C’est néanmoins sur le long terme que les français pourraient s’avérer être les plus gagnants. Les entreprises hexagonales viennent en effet de pénétrer le marché grec. Un pays ou elles étaient jusque là peu présentes et dont la francophilie affichée pourrait faciliter la multiplication des échanges. En attendant beaucoup d’entre-elles tournent déjà leurs yeux vers Pékin. Mais ceci est une autre compétition…