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À Arles, les maçons se font Romains pour sauver les arènes

Publié le 14 janvier 2004

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À 2 000 ans d’intervalle, les maçons d’Arles se sont fait Romains pour offrir une cure de jeunesse aux arènes. Un retour vers l’Antiquité pour un défi digne des pères bâtisseurs.
À Arles, les maçons se font Romains pour sauver les arènes - Batiweb
Les maçons et pierreux des entreprises chargées de la restauration des arènes d’Arles vivent une curieuse aventure. Leur quotidien est en effet depuis un an très ressemblant à celui des bâtisseurs romains qui, deux mille ans auparavant, ont édifié le magnifique cirque d’Arles. Plus encore, c’est en fait à un véritable travail de Romains auquel sont confrontées les entreprises Vivian, Mariani, Mastran et Bouvier sous l’œil attentif de Charles Perrot, l’architecte en chef des monuments historiques. Un chantier qui, au regard des sept travées restaurées en un an sur les soixante arcanes extérieures que compte le monument, est loin d’être achevé. Pour satisfaire au cahier des charges qui voulait que la restauration soit invisible, les compagnons ont ainsi dû quasiment reproduire à l’identique le travail de leurs illustres prédécesseurs. L’architecte souhaitait en effet conserver au monument son aspect de ruine. Or, réaliser une ruine neuve pour préserver intacte son authenticité reste un exercice toujours délicat. De nombreuses pierres ont ainsi dû être réagréés plutôt que changées et jointées avec un mortier spécial de forte épaisseur afin d’éviter la mise en place d’armatures. C’est surtout à la main que les compagnons ont été amenés à lisser les pierres neuves pour leur donner les courbes et la douceur des matières érodées par les siècles. Ils ont dépensé l’huile de coude sans compter pour obtenir une patine qui aujourd’hui couvre plus de 3 000 m2 de pierre. Il leur a également fallut changer les immenses dalles du dé ambulatoire par des blocs en béton moulé imitant parfaitement les dalles antiques abîmées. On sait par les travaux des archéologues que ces dalles sur encorbellement avaient déjà posé ; bien des problèmes aux Romains. Ceux-ci les avaient d’ailleurs par la suite remplacées par des planchers en bois. Le remplacement des énormes blocs montés en tiroirs dans les parois du cirque s’est avéré aussi très délicat. Le levage et l’encastrement exigeaient en effet l’intervention simultanée de plus de trente hommes afin d’intégrer ces blocs de plus d’un m 3 au mm et sans aucun joint dans leurs emplacements initiaux. Outre le chantier des arènes, il aura également été nécessaire de mettre aux normes romaines la carrière d’extraction de Fontvieille afin qu’elle produise à l’identique les blocs destinés à la restauration. Les compagnons du chantier hors normes des arènes ressentent aujourd’hui les mêmes émotions que leurs illustres prédécesseurs. Leur travail se confond parfaitement avec celui des bâtisseurs romains et leurs efforts les gratifient des mêmes fiertés. En regardant la lumière rebondir sur les arcanes des arènes si anciennes et si neuves à la fois, ils savent qu’avec elles, leurs empreintes ont à leur tour gagné une part d’éternité…

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