RE2020 : un coup de boost pour les matériaux biosourcés ?
RE2020 : de nouvelles obligations pour atteindre des objectifs ambitieux
Aujourd’hui en France, le secteur du bâtiment est l’un des plus polluants puisqu’il représente 43 % des consommations énergétiques annuelles et qu’il génère 23 % des émissions de gaz à effet de serre (GES).
Face à ce constat, le gouvernement a mis en place une nouvelle réglementation, la RE2020, qui vise à réduire l’impact environnemental du secteur, notamment au moment de la phase de construction. Celle-ci fixe des objectifs clairs : diminuer l’impact carbone des bâtiments neufs sur tout leur cycle de vie, encourager la sobriété et l’efficacité énergétique, et enfin garantir la fraîcheur dans les logements en période estivale.
Pour cela, la RE2020 introduit de nouveaux indicateurs permettant d’évaluer la performance énergétique, l’empreinte carbone et le confort d’été des bâtiments. Pour chacun d’entre eux, il existe des seuils à ne pas dépasser.
En ce qui concerne l’objectif de réduction de l'impact carbone des bâtiments neufs, les indicateurs sont calculés sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment avec un impact plus fort des émissions produites en début de cycle, au moment de la construction. Cela incite donc à recourir plus fortement aux énergies renouvelables et aux matériaux biosourcés.
Les matériaux biosourcés, des solutions de construction aux nombreux atouts
Les matériaux biosourcés se définissent comme l’ensemble des matériaux issus du vivant, de la matière organique renouvelable (biomasse). Ils sont d’origine végétale ou animale : bois, paille, chanvre, ouate de cellulose, textiles recyclés, liège, lin, chaume, etc.
Ils peuvent être utilisés pour de très nombreuses applications allant de la structure du bâtiment à la décoration, en passant par l’isolation ou les produits comme les colles.
Ces matériaux biosourcés présentent de nombreux avantages d’un point de vue environnemental, mais aussi en ce qui concerne leurs performances techniques.
En effet, ils permettent de capter et de stocker le CO2 présent dans l’air, que ce soit lors de leur croissance, mais aussi lorsqu’ils sont mis en œuvre dans un bâtiment. Ils présentent également un cycle de production court demandant moins d’énergie. Fabriqués localement, les matériaux biosourcés demandent moins de transport et favorisent l’emploi local. Enfin, ils utilisent des produits issus du recyclage, évitant ainsi des déchets. Ce sont des matériaux renouvelables et recyclables qui contribuent à la préservation des ressources naturelles.
D’un point de vue technique, les matériaux biosourcés présentent des performances équivalentes, voire supérieures aux matériaux de construction classiques. En effet, ils offrent une excellente efficacité thermique et acoustique, améliorant le bien-être des habitants. Ils contribuent également à la qualité de l’air intérieur puisque leurs émissions de composés organiques volatils (COV) sont quasi inexistantes.
En matière d’isolation, ils présentent des capacités hygroscopiques en captant l’humidité. Ils laissent respirer le bâtiment et permettent un déphasage thermique efficace, assurant un confort optimal.
Enfin, ce sont des matériaux à la durée de vie très longue. Ils conservent leurs propriétés pendant de nombreuses années.
Une filière à la croissance lente, mais au fort potentiel
Les matériaux biosourcés, par leur nature et leurs caractéristiques, présentent des avantages indéniables pour répondre aux exigences de la RE2020. Dans la perspective de cette nouvelle réglementation, les filières de matériaux biosourcés se sont organisées ces derniers mois afin d’être prêtes pour faire face à la demande.
Elles ont ainsi diversifié leur offre, augmenté leurs capacités de production et d’accompagnement, et préparé leurs produits afin qu’ils soient accessibles aux professionnels du bâtiment.
Les matériaux biosourcés disposent ainsi d’avis techniques et de règles professionnelles, au même titre que les matériaux de construction classiques. Les fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) sont disponibles pour la grande majorité des matériaux biosourcés, permettant de les choisir plus facilement pour une construction conforme aux règles de la RE2020.
Malgré ces efforts, la croissance de la filière reste lente. Cela s’explique en partie par des habitudes difficiles à changer. Pour généraliser le recours aux matériaux biosourcés, la filière compte sur la pédagogie ainsi que sur les aides financières proposées par les collectivités locales lors du recours aux matériaux biosourcés.
Elsa Bourdot
Photo de une : Adobe Stock