Béton de chanvre cherche norme réglementaire
Troyes assume le risque du béton de chanvre en R+3
Les premières règles professionnelles sont apparues en 2007. Une normalisation des techniques de mise en œuvre a permis une reconnaissance de la filière à une échelle nationale. « Limité pour l'instant aux constructions en R+1, le béton de chanvre permet de réaliser l'isolation des murs, la toiture, le dallage du sol... Notre bâtiment est lui en R+2+combles (R+3) + sous-sol. La Ville de Troyes va au-delà des règles professionnelles, et assume ce choix qui permet d'appuyer le développement de la filière chanvre ».
Un Comité scientifique et technique (CST) a été créé, qui s'est réuni une première fois début octobre. Cet "organe de discussion, de débats et de confrontations des expériences, est constitué des acteurs de la filière chanvre, de sauvegarde du patrimoine et de la recherche". Et c'est précisément sur ce projet de Maison du Tourisme qu'il consacre une étude à grande échelle du comportement du béton de chanvre. Une trentaine de capteurs ont été installés dans les 630 m² de béton de chanvre du bâtiment. Le bâtiment totalise une centaine de points de mesures. Six axes de recherches sont concernés : performance thermique, acoustique, qualité de l’air intérieur, régulation du taux d’humidité, confort thermique été/hiver et suivi énergétique.
De nouvelles connaissances pour écrire la norme
« Pour que l'emploi de ce matériau soit normé et reconnu plus largement, il faut plus de connaissances ». L’ENTPE (Ecole nationale des travaux publics) de Lyon et EDF étudieront les données des capteurs dont les résultats doivent contribuer à la connaissance et l’homologation du matériau et procédé constructif béton de chanvre. Durant trois ans, les acteurs du CST se retrouveront régulièrement pour discuter et débattre des résultats de mesure dans le temps. « L'ensemble des partenaires est fier de participer à la collecte de nouvelles données. La collectivité met le bâtiment à disposition des scientifiques qui y récoltent les connaissances dont la filière chanvre a besoin pour promouvoir l'utilisation du chanvre. Et à terme avoir un emploi normé de matériaux : leur but étant de tendre vers un DTU », précise Florent Dobosz.
Une question de pose Pour la pose de ce béton de chanvre, l'entreprise intervenante a dû se former à la projectio. Une machine a même été développée spécifiquement pour ce type de béton. « C'est un gros malaxeur paille-chaux aérienne installé sur chantier. Le mélange est envoyé dans un tuyau jusqu'à la lance à projeter. L'eau est ajoutée au dernier moment, au niveau de la lance », résume Florent Dobosz. Quinze jours après la projection, l'enduit à la chaux hydraulique peut être réalisé. | Un matériau de qualité Le béton de chanvre est un mélange de chaux, de chènevotte (partie centrale et moelleuse de la tige de chanvre, obtenue par défibrage mécanique) et d’eau. Ses qualités : bon isolant thermique, confort thermique été/hiver, qualité acoustique, qualité de l’air intérieur, régulation du taux d’humidité, bilan carbone nul, sont habituellement mises en avant. Qualités que le projet scientifique mis en oeuvre sur la Maison du Tourisme vise entre autres à confirmer. |
Les livrets règles professionnelles constituent aujourd’hui l’unique document de référence en la matière. Nouveauté de cette édition 2012, le carnet de détails a pour objet de donner aux concepteurs et aux constructeurs un document pédagogique leur permettant d’aborder le concept constructif : « béton de chanvre et ossature bois ». Il n’a pas pour ambition de couvrir toutes les solutions mais d’en fournir au moins une à chaque problématique.
Edition 2012
ISBN 978-2-35917-046-7
Parution fin octobre aux Editions SE BTP
Aller plus loin
- Règles professionnelles : Notice explicative
- Règles professionnelles : Addendum
- Liste des laboratoires accrédités
Laurent Perrin