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Plan européen sur le climat : rien n'est joué

Publié le 09 décembre 2008

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Les intenses négociations sur le plan climat européen ont enregistré samedi à Gdansk en Pologne des "progrès" mais l'incertitude demeure sur la possibilité d'un accord entre les 27 Etats membres dans moins d'une semaine à Bruxelles.
Les négociations européennes sont scrutées à la loupe à Poznan, en Pologne, où se déroule depuis une semaine la conférence de l'ONU sur le changement climatique qui vise à tracer la voie d'un accord mondial pour l'après 2012. Le mini-sommet de Gdansk n'a cependant pas rassuré les écologistes présents sur place. "On attendait un signal fort, on voit que l'Europe est encore engluée dans ses négociations", a ainsi estimé Karine Gavand de Greenpeace.

Dépendante à plus de 90% du charbon pour sa production d'électricité, la Pologne estime que la mise aux enchères des quotas de CO2 dans le secteur de l'électricité à partir de 2013, comme initialement prévu par la Commission, serait extrêmement pénalisante pour son économie. Ainsi, la Pologne et ses alliés d'Europe centrale (Bulgarie, Hongrie, Roumanie, République Tchèque, Slovaquie, Estonie, Lettonie et Lituanie) seraient sur le point d'obtenir un régime préférentiel qui leur permettrait de prétendre à des quotas gratuits pour leurs centrales au charbon jusqu'en 2016.

Merkel fait de la résistance

Outre la Pologne, les discussions buttent également sur l'Allemagne. En effet, sa chancelière Angela Merkel, pourtant grande partisane de la lutte contre le réchauffement climatique, est devenue ces derniers mois de plus en plus soucieuse de défendre une industrie frappée de plein fouet par la récession économique. Outre-Rhin, on est notamment frileux au sujet du mécanisme d'enchères des quotas d'émissions de CO2 dans l'industrie. On craint en effet des délocalisations de la part des industries les plus énergivores. Mme Merkel exige ainsi que quatre secteurs clefs – la chimie de base, l'acier, le ciment et la chaux – soient exclus à 100% de la mesure.

Et le méthane alors ? Alors que le monde entier a les yeux tournés vers les émissions de CO2, peu s'intéressent au méthane, gaz pourtant responsable d'importantes pollutions, selon l'échelle de temps retenue. En effet, le Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) estime aujourd'hui que sur une période de 500 ans, un kilo de méthane émis équivaut à sept kilos de CO2 émis. C'est le coefficient "d'équivalent CO2" qui, rapporté sur une période de 100 ans, monte à 25 et à 72 sur vingt ans ! Alors pourquoi en parle-t-on si peu ? Plusieurs raisons à cela : la crainte de la communauté scientifique de brouiller le message. Mais aussi l'hostilité des tenants de la bourse internationale du carbone qui promet aux financiers d'intéressantes spéculations. Enfin, la résistance passive de tous ceux que cela arrange de limiter la lutte contre le réchauffement climatique aux questions énergétiques, promoteurs du nucléaire en tête.

En photo : une manifestation d'écologistes samedi à Gdansk

Laurent Perrin (sources AFP, Le Monde)

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