Le rupteur de pont thermique n'est plus un concept
Un second effet est la condensation qui se crée au coeur du pont thermique, générant une dégradation du bâti. Tout d'abord, en surface, cette condensation est à l'origine de tâches, de détériorations de la peinture et des enduits, mais elle touche aussi les composants les plus au coeur de la paroi. La condensation va tout d'abord diminuer les caractéristiques des composants de la paroi (une laine de verre humide est moins performante thermiquement qu'une laine de verre sèche) et également provoquer des micros fissures dans la paroi. L'eau peut s'engouffrer et amplifier encore le risque pour le bâti. Une étude réalisée par l'INSA de Strasbourg en partenariat avec Schöck, inventeur des rupteurs de pont thermique de structure, a permis de mettre en avant le lien direct entre développement des moisissures liées aux ponts thermiques et développement des pathologies allergiques.
Un dernier trou qu'il reste à fermer dans l'isolation du bâti
Si la rupture de ponts thermiques est aujourd'hui largement prise en compte par les professionnels de la menuiserie (fenêtres, portes), l'intégration de rupteurs de ponts thermique dans la structure du bâti ne fait pas légion en France. Dans cet objectif, la société Schöck a très tôt choisi d'adapter son rupteur Rutherma, à l'origine développé pour l'isolation par l'extérieur en Allemagne, aux spécificités de la construction française et donc à l'isolation par l'intérieur. En effet, l'isolation par l'intérieur, privilégiée par les acteurs français de la construction, a l'inconvénient de laisser de nombreux ponts thermiques. Dans le cas le plus courant de l'isolation intérieure, les principales pertes se trouvent aux jonctions dalle/façade, refend/façade et dalle/balcon.
En effet, si ce mode d'isolation améliore considérablement l'isolation du bâtiment en supprimant les ponts thermiques aux jonctions dalle/façade, il reste des zones de déperdition au niveau des balcons et de toutes les parties saillantes du bâtiment. Dans ce cas, les déperditions se concentrent sur quelques points du bâtiment, fragilisant d'autant plus sa structure. Afin de compenser le défaut d'isolation, Schöck a ainsi développé un rupteur spécifique pour les liaisons dalle/façade et a créé au printemps 2009, Schöck France. « Ce concept n'a pas eu de grand succès lors de son arrivée en France, à cause d'un réveil tardif» précise Raphaël Kieffer, directeur commercial de Schöck France. « Grâce au Grenelle, il y eu une prise de conscience » et désormais une concurrence saine se développe sur le marché français. Inventé en 1983 par Schöck, le rupteur de ponts thermiques de structure Schöck Rutherma assure la continuité de l'isolation du bâtiment là où celle-ci serait interrompue par les jonctions de structure et de balcons.
Du néopor à la place du polystyrène ?
Le rupteur de ponts thermiques Schöck Rutherma est un élément préfabriqué d'un mètre de longueur, la hauteur correspondant à l'épaisseur de la dalle (16-25 cm). L'épaisseur de l'isolant est en général de 8 cm . Le rupteur de pont thermique développé par Schöck est composé d'un corps isolant en polystyrène expansé haute densité et d'armatures pour la reprise des sollicitations de structure. Les sollicitations dues aux moments fléchissants et/ou aux efforts tranchants sont transmises par un réseau d'armatures passant à travers une bande isolante de polystyrène expansé haute densité. Afin d'éviter la corrosion des armatures dans les zones où le polystyrène ne permet pas leur enrobage dans le béton, les armatures sont réalisées avec une partie médiane en acier inoxydable. Le raccord entre l'acier inoxydable et les armatures pour béton armé se fait par fusion bout à bout sans métal d'apport. « Nous avons une nouvelle piste de développement pour remplacer le polystyrène par du néopor » un alliage de polystyrène et de graphite de granit, qui travaille par thermo-réfléction et est 30% plus isolant que du polystyrène, dévoile Raphaël Kieffer.
Le rupteur de pont thermique de Schöck est fourni-posé, à un prix par mètre linéaire (ML) de 80/90€. Son taux de retour sur investissement varie entre 6 et 12 ans ont indiqué les fabricants. Schöck sera présent au prochain Batimat.
Bruno Poulard