RE2020 : le chauffage électrique injustement privilégié ?
Les signataires de cette lettre ouverte, parmi lesquels des associations et des professionnels du gaz, accusent le gouvernement de modifier deux paramètres – le coefficient de conversion, et le facteur d’émission de CO2 de l’électricité utilisée pour le chauffage – privilégiant le chauffage électrique, au détriment d’autres solutions, parmi lesquelles les énergies renouvelables comme le bois, le biogaz, la géothermie ou le solaire.
Des valeurs artificiellement modifiées ?
« La modification de ces critères, qui peut sembler anecdotique et technologique, présente cependant des conséquences concrètes tout à fait négatives », dénoncent les associations, parmi lesquelles Coénove, Energies et Avenir, Enerplan, la FEDENE, ou encore AMORCE.
Ces arbitrages minimiseraient ainsi la valeur d’émissions de CO2 retenue pour l’électricité.
« Le facteur d’émission de l’usage chauffage de l’électricité passerait, artificiellement, d’une valeur actuellement de 210 grammes CO2/kWh à 79 grammes CO2/kWh. Autrement dit, le même radiateur électrique émettra demain 2,6 fois moins de carbone sans avoir rien modifié sur le fond », expliquent les associations.
Or, selon elles, privilégier le chauffage électrique est un contre-sens, puisque la pointe de consommation électrique hivernale est considérée comme un enjeu de lutte important dans le cadre de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE). Lors de cette pointe de consommation électrique, la France est en effet obligée d’importer de l’électricité encore plus carbonée en provenance de pays voisins.
« Cette manipulation risque d’avoir un effet inverse, avec des impacts négatifs non négligeables en termes d’émissions de carbone, de sécurité d’approvisionnement, de promotion de solutions de chauffage innovantes et sur le budget des ménages. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement de revoir les calculs du facteur d’énergie primaire et du contenu carbone de l’électricité avec les données existantes les plus récentes, en s’appuyant sur les méthodes de calcul pertinentes et éprouvées actuelles », réclament ainsi les treize signataires.
Mais ces contestations ne sont pas partagées par tout le monde. L’association Equilibre des Energies s’est pour sa part félicitée que « les dispositions prises allègent les contraintes sur l’électricité ». « Depuis près de 10 ans, il était devenu pratiquement impossible de construire des logements collectifs chauffés à l’électricité alors que le gaz a conquis 75 % du marché, en totale contradiction avec la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) », explique-t-elle.
D’après elle, « les logements chauffés à l’électricité (par pompes à chaleur ou par radiateurs et non plus par convecteurs) ont toujours été mieux isolés que les logements chauffés aux combustibles fossiles », et le choix de l’électricité dans les logements neufs permettrait « d’alléger de 20 à 25 % le budget des ménages ».
C.L.
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